Ne me donne pas
toujours un baiser mouillé, n'accompagne pas de frémissements tes caressants
sourires, ne te laisse pas toujours tomber comme une mourante sur mon cou que
tu serres ! Les douceurs ont leurs bornes
: plus une chose affecte agréablement nos esprits, plus vite elle entraîne avec
elle à son terme la triste satiété.
Jean Second – Le Livre des baisers – 9 (1541)
Il
faudrait citer en entier cet ouvrage à la fois poétique et érotique. Sans doute
– Mais le mieux est de le lire : ici.
La
vertu du baiser, à la différence des gestes plus « passionnés» est de
pouvoir durer. Douceur sans borne, du moins dont les bornes sont sans
proportion avec celles du coït, ou plus simplement du baiser passionné.
Il
est vrai que, quand la tension est à son comble, elle doit aboutir à une
résolution. Même s’ils n’aboutissent pas à un orgasme, ces baisers passionnés
ne sauraient durer : trop fatigants !
Rodin – Le baiser
Pourtant,
on connait des concours de baisers, où il faut durer le plus possible, tel
celui-ci qui a eu lieu en Thaïlande : voyez ce comment ça se passe :
Alors,
on dira que c’est de la triche : on fait seulement semblant de
s’embrasser, les lèvres se touchent et puis rien d’autre !
On
oublie que le corps tout entier participe au baiser, mais pas comme chez Rodin,
pas dans une torsion douloureuse. Dans le calme et la rectitude de l’union qui
joint parfaitement un corps à l’autre.
D’ailleurs
on n’a pas besoin des thaïlandais pour le savoir.
Brancusi
nous l’a montré depuis un siècle :
Constantin Brancusi – Le baiser (1910)
--------------------------------------------------
(1)
Cf. ici le concours en Thaïlande
No comments:
Post a Comment