« Laissez-moi fuir la menteuse et criminelle illusion du bonheur ! Donnez-moi du travail, de la fatigue, de la douleur et de l'enthousiasme. »
George Sand - La comtesse de Rudolstadt
Le bonheur n’est qu’une illusion criminelle. Seules la fatigue et la douleur du labeur sont réelles et souhaitables. C’est clair et net. Mais l’enthousiasme, que vient-il faire là-dedans ?
Supposons que George Sand veuille dire que c’est le travail et lui seul qui apporte non seulement la fatigue et la douleur, mais aussi la joie - et à lire ses écrits autobiographique, nous n’en doutons pas - alors nous comprenons que, pour elle, la création, douloureux enfantement de soi-même comme œuvre, est la source de la seule véritable félicité qu’est l’enthousiasme.
En effet le bonheur paresseux est une illusion pour George Sand : elle n’arrête pas de maudire sa paresseuse de fille, qu’elle accuse pratiquement de se prostituer pour avoir les facilités de la vie mondaine sans effort. Quand à elle, écrivain prolifique, elle avoue pourtant rechigner à se mettre à l’œuvre : comme nous tous (peut-être), elle ne travaille que dans l’urgence. Mais le bonheur du petit matin vient récompenser ses nuits de labeur noyées dans la fumée de son cigare.
Il y a une éthique du travail dont je me défie : faire dire (à un patron comme de juste), comme le fait Pagnol dans un de ses films (La fille du puisatier je crois), qu’un ouvrier qui use une pioche par mois ne peut être un mauvais homme, ça sent l’exploitation à pleine nez. C’est à celui qui travaille de se définir par rapport à son « œuvre » : s’il s’agit justement d’une œuvre alors oui,
L’enthousiasme vient payer les efforts et la sueur.
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