« La tête perdue, ne périt que la personne ; les couilles perdues périrait toute humaine nature. »
Rabelais – Tiers livre (chapitre 8)
Qui est mécontent du langage de notre bon Rabelais n’a qu’à méditer cette autre citation du même, au Tiers livre (ch. 20 cette fois) : « Si les signes vous fâchent, ô combien vous fâcheront les choses signifiées. » On voit ce que ça veut dire ici.
Rabelais décrit l’accoutrement du chevalier qui doit renforcer son armure au niveau de la « braguette », puisque c’est là que se situe sa partie la plus précieuse. Selon cette description, on comprend que la hiérarchie des fonction humaines est à revoir de fond en comble : la raison ne fait pas l’homme : elle fait l’individu. Les « organes de la génération » (ça va mieux comme ça ?) font l’homme ou plutôt l’espèce : un homme sans tête serait moins mutilé qu’un homme sans … (dites-le vous même)
C’est donc une double humiliation que nous impose Rabelais : la faculté de raisonner est peu de chose à l’échelle de l’espèce, disons donc de l’humanité. Première humiliation.
Et les mâles si fiers de leur puissance virile et de la promesse de jouissance qu’elle comporte doivent aussi en rabattre : ça ne sert qu’à se reproduire. C’est tout. Deuxième humiliation.
Eternel conflit qui oppose l’intérêt de l’individu et celui de l’espèce. Ainsi les fleurs s’épanouissent sur les plantes qui se dessèchent ; la louve attaque la meute des chiens pour défendre ses louveteaux. Mais l’homme, n’a-t-il pas pour caractéristique de détourner ces fonctions de reproduction à son bénéfice individuel, c’est-à-dire sa jouissance ? Chacun répondra à cette question selon son opinion personnelle. Mais nous avons sans doute plus d’une raison protéger nos génitoires.
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