« Boire sans soif et faire l'amour en tout temps, Madame, il n'y a que ça qui nous distingue des autres bêtes. »
Beaumarchais, Le mariage de Figaro, acte 9, scène 21.
Nous sommes des bêtes. Mais différentes des autres. Chez nous la recherche du plaisir est découplée de la satisfaction des besoins. Nous ne cherchons pas la satiété ; nous cherchons la jouissance. Toujours prêts à boire et à faire l’amour, nous sommes ainsi supérieurs à l’animal, limité dans ce registre par la nature elle-même.
Alors voici le mari ivrogne qui rentre chez lui et qui bat sa femme. Quelle excuse a-t-il ? Celle d’affirmer haut - très haut - et fort - très fort - qu’il ne saurait se passer de cette preuve d’humanité.
Et voilà l’homme volage qui rentre aussi chez lui après un cinq à sept de folie en compagnie de sa maitresse ; il remet ça avec sa femme, et quand la malheureuse découvre son infidélité, il lui répond : « Ce que j’ai fait cet après midi, aucune bête au monde ne l’aurait fait. » Comme Guillaumet descendant des Andes !
Dès le Moyen Age, les Saints Pères de l’Eglise ont attiré l’attention sur la pudeur et la sobriété de l’animal ; en particulier l’éléphant dont on disait qu’il ne courtisait son éléphante que très rarement et en prenant la précaution de s’écarter du troupeau. Pour les Saints Pères, mieux vaudrait pour notre salut être des bêtes que des hommes.
Et Rousseau, toujours aussi misanthrope, ajoute : « l’homme qui médite est un animal dépravé ». Dépravé, oui, mais pas seulement par la méditation !
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