« Entre le faible et le fort, c'est la liberté qui opprime et la loi qui libère. »
Lacordaire
Lisons : « c’est la liberté naturelle qui opprime, et la loi qui garantit l’égalité des droits qui libère. »
Reversant. Sans être vraiment anarchistes, nous croyons facilement que c’est la loi qui opprime, et la liberté qui - bien sûr - libère.
C’est que nous pensons plus à l’individu qu’à son rapport aux autres. Comme si nous étions des atomes agités du mouvement brownien, ou des danseurs sur la piste surpeuplée d’une discothèque, nous ne cherchons en fait qu’à éviter les autres, non à les rencontrer. Au mieux, nous les ignorons. C’est ce qui fait que notre liberté est individualisme, et non coopération. C’est donc pour cela que nos libertés s’entregènent et se répandent au dépend les unes des autres, le fort opprimant le faible, jusqu’à ce que la loi y mette bon ordre : « La liberté consiste à faire tout ce qui ne nuit pas à autrui: ainsi l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi. » Déclaration des droits de l’homme article 4.
Mais l’anarchie a plus d’un tour dans son sac. Voyez Proudhon : «la liberté croît comme la force, par l'union ». L’équation est simple : la liberté n’existe que par la réalisation de nos projets. Seuls nous ne réalisons que ce que notre force individuelle nous permet. Nombreux, notre liberté est démultipliée par la force ajoutée des autres.
Seulement, c’est la coopération qui rend possible la préservation de la liberté. Or entre le fort et le faible, quelle coopération imaginer ? Cela n’est possible que si vous croyez que le calcul d’intérêt reste au second plan, c’est à dire si vous imaginez que le fort n’espère aucun avantage du faible.
L’anarchie n’est donc possible si la nature humaine est bonne
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