Les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde de différentes manières, ce qui importe c'est de le transformer.
Marx - Thèses sur Feuerbach (1848)
Voici la 11ème thèse sur Feuerbach, la plus célèbre peut-être, à partir de la quelle Marx, rompant avec l’hégélianisme de Feuerbach, va élaborer sa théorie de la révolution (là-dessus, voir Althusser).
Qui donc souscrirait aujourd’hui à cette thèse de Marx ? Je veux dire : si nous laissons de côté la question de la stérilité de la philosophie, qui donc aujourd’hui estime nécessaire - ou souhaitable - de transformer le monde ?
Et d’abord, que signifie « transformer le monde » ?
- Prendre son fusil, élever des barricades et puis monter à assaut la chambre des députés (ou l’Elysée ou le building de TF1…). Ça, c’est la révolution.
- Manifester contre Total, pour la taxe Tobin, recycler ses déchets et se laver à l’eau froide. Ça s’appelle militer.
- Consommer tous les gadgets électroniques, ne se déplacer qu’en Jet, n’avoir pour patrie que le Japon. Ça, c’est vouloir accélérer la modernisation du monde.
Ma génération a voulu révolutionner le mode, elle n’a fait que militer. Je me rappelle en mai 68 à la Sorbonne, (ne fuyez pas je ne vais pas vous raconter ma guerre), un étudiant polonais haranguait l’amphi : « vous voulez faire la révolution, disait-il, alors êtes vous près à prendre une kalachnikov et à descendre dans la rue pour tirer sur les CRS ? ». Bien sûr qu’on n’était pas près pour ça. Alors on a milité…
Mais voyez-vous on a été trahis par l’histoire : non seulement elle a fait de l’URSS et de la Chine maoïste de tristes dictatures, mais en plus elle a poussé en direction de ce qu’on avait abominé : la consommation.
Alors, au lieu de finir héroïquement comme Hugo, le héros des Mains sales de Sartre, on a eu nous aussi notre American Express dans la poche, et notre 4x4 devant la porte.
Et vive la modernité.
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