C'est vous qui êtes le nègre? Eh bien, continuez !
Mac Mahon, au major de promotion de Saint-Cyr . A Saint-Cyr, la coutume était d’appeler « le nègre » le major de la promotion
Comment peut-on être Persan ? demandait Montesquieu dans les lettres Persanes (Cf. Post du 11 avril 2006). Et nous, nous demanderons, Comment peut-on cesser d’être nègre ?
Laissons de côté les réponses superficielles du genre : « le nègre est un homme qui écrit les livres que leurs auteurs ne savent pas écrire. On cesse d’être un nègre le jour où on devient un co-auteur… » Ces finasseries de vocabulaires ne nous mènent par très loin.
Je prendrai plutôt une thèse développée par Sartre à propos des Juifs et qui s’applique tout aussi bien ici : un « nègre » c’est quelqu’un qui est considéré comme tel par les autres.
Ce qui veut dire que l’on devient ce que les autres pensent de nous – ou alors qu’il nous faut lutter contre cette tendance. Et donc, être un nègre, c’est porter toutes les tares dénoncées par le colonialisme comme étant caractéristiques de l’africain colonisé. On se débarrassera de cela en se débarrassant des colonies. Voilà qui est fait.
Mais nous en avons d’autres des « colonies » : les banlieues, avec les Beurs en forme une variété bien caractéristique. Au point que pour cesser d’être non pas un nègre, mais un Beur, on change sans cesse de dénomination. On est un jeune issu de l’immigration (comme les paralysés sont des personnes à mobilité réduite). Comme si le regard changeait avec la dénomination…
Nous voici ramené aux finasseries de vocabulaire dénoncés plus haut.
Demandez donc à un jeune « issu de l’immigration » ce qu’il doit faire pour cesser d’une Beur. Qu’il change de nom ? Qu’il déménage ? Pourquoi pas. Mais surtout, il doit réussir mieux que les autres pour un résultat souvent moindre.
C’est ce que nous expliquent Rachida, et Fadéla, et tant d’autres
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