Tuesday, February 05, 2008

Citation du 6 février 2008

Lire - 2

Le grand inconvénient des livres nouveaux est de nous empêcher de lire les anciens.

Joseph Joubert - Carnets (23 juin 1808)

Regardez une bibliothèque d’autrefois (reconstituée pour le cinéma ou bien conservées dans les châteaux ou les bureaux d’apparat). N’est-on pas frappé par l’ancienneté des ouvrages qui y sont exposés ? Tous ces livres ont été édités voilà plusieurs siècles, certains depuis des millénaires.

Comparez à présent avec une bibliothèque d’aujourd’hui. Quelle est la proportion de livres antérieurs au siècle ? Et je ne vise pas seulement les ouvrages de science humaine ou ceux qui sont consacrés à la politique ; je vise aussi les romans, les essais de morale ou de philosophie, qui sont pour la plupart des ouvrages récents. On dirait même que c’est un critère de qualité : être un ouvrage récent, voilà qui en impose.

Et alors, quel mal y a-t-il à ça ? Faut-il donc prétendre avec La Bruyère que tout est dit, et l’on vient toujours trop tard… Doit-on croire ces vieux ronchons de philosophes qui prétendent qu’on n’a jamais fait autre chose que mettre des notes dans les marges des ouvrages de Platon ? Faut-il réanimer la querelle des anciens et des modernes ?

Je ferai deux remarques :

1 - D’abord, combien de temps avez vous pour lire ? Je veux dire, combien d’années de lecture devant vous, en tenant compte de l’espérance de vie qui est encore la votre. Maintenant, comparez avec les chefs d’œuvres que les générations passées nous ont légués, déduction faites de ce qui est devenu illisible pour les non spécialistes. Tenez, un exemple : rien que la Recherche du temps perdu (beau titre pour notre sujet) : combien de mois de vacances pour lire ça ? Et si Proust vous assomme, qu’importe ? Il y a des centaines d’auteurs et des millions de pages qui peuvent encore vous captiver (tiens : essayez Diderot). Ne trouvez vous pas qu’Amélie Nothomb est un peut light à coté ? Pourtant, le temps que vous allez consacrer à la lecture de son nouvel opus est du temps prélevé sur votre capital-lecture…

2 - En suite, qui prétend que lire des auteurs d’autre fois c’est s’enfouir dans le passé ? Un exemple : Montaigne. Il entreprend les Essais pour commenter les auteurs de l’antiquité grecque et romaine. Il en fait une méditation sur la vie, sur sa vie, sur son monde, sur son époque. Bref un chef d’œuvre pour ses contemporains… et pour nous !

- Une idée : demandez à votre patron une réduction du temps de travail pour avoir plus de temps pour lire.

2 comments:

Djabx said...

Sur le temps de lecture, vous pouvez aussi déduire le temps perdu sur internet et ses nombreux blogs.

Si en plus vous cherchez des sources d'informations diversifiées afin de vous forger un opinion plus complet sur l'actualité, vous pouvez enlever pas mal de temps.

Enfin sur ce qu'il vous reste, vous pouvez aussi enlever le temps perdu dans les bouchons pour aller au boulot, le temps perdu à vous tenir en forme car avec votre activité sédentaire vous avez pas le choix, enfin le temps "perdu" à travailler plus pour gagner plus.

Et là, tout de suite il reste plus des masses de temps pour cultiver votre jardin.
Alors entre Diderot et Nothombe, même si la dernière est plus légère, c'est déjà pas mal de la caser dans tout ce temps perdu.

PS: vous remarquerez que je n'aie même pas parler de la télévision...

Jean-Pierre Hamel said...

Bon, je vois que tout le monde est surbooké aujourd'hui...
Alors, mettez des indices d'urgence à tout ce que vous faites. Et prenez pour principe que la lecture d'un livre - ou d'une revue, ou le visionnage d'un film - un peu stimulant pour les neurones est une urgence réelle.
Avez-vous remarqué que les gens réclament du divertissement - de l'entertainment - pour se vider la tête ?
Mieux vaut la remplir avec ce qui en vaut la peine, quitte à ce qu'il n'y ait plus de place pour "du reste"