… sont désirables en elles-mêmes les activités qui ne recherchent rien en dehors de leur pur exercice.
Aristote, Ethique à Nicomaque, Livre X 1176-b 6
Aristote contre Mickey
Tout ce que nous désirons, selon Aristote, c’est le bonheur. Toute action qui nous rend heureux est donc désirable en soi et pas pour autre chose : exit le travail dont la finalité est de satisfaire des besoins vitaux.
Bon. Mais quid du jeu, de l’amusement, ou pour parler comme aujourd’hui, de l’entertainment ? Parce que l’amusement est bien une activité sans utilité autre que notre délassement.
Hé bien, Aristote rejette cette interprétation : le délassement n’existerait pas sans le travail, il est une occupation destinée à nous en reposer. Mais surtout (autre argument), l’activité humaine ne vaut comme activité libre que dans la mesure où elle permet à l’homme d’accéder à une plus grande perfection, de se réaliser pleinement : ce qui permet d’exclure les plaisirs pervers, comme ceux qui ne nous permettent pas de développer nos aptitudes. Exit Mickey
Où trouver cette activité qui nous permet d’être un peu plus nous même ?
Aristote nous dit : dans l’activité méditative (1), entendez celle qui accompagne l’acquisition de la science pure et la réflexion sur son contenu. Dans le vocabulaire grec, ça s’appelle la sagesse (et sa recherche s’appelle la philosophie).
- Bon. J’accepte de mettre à la poubelle mon stock de Journaux de Mickey et de jeter par la fenêtre mon poste de télé (à moins de bloquer la zapette sur Arte). J’enfile mes Adidas pour jogger jusqu’à la salle de Fittness pour suer un bon coup en bondissant sur une musique ad-hoc. Alors, qu’est-ce qu’il en penserait Aristote ?
- Les grecs ont inventé la gymnastique qu’ils pratiquaient au gymnase, tous nus et enduits d’huile parfumée… Je ne pense pas qu’Aristote aurait critiqué votre salle de sport. Toutefois, n’oubliez pas que c’est en partant de ce que nous sommes le plus essentiellement que nous devons nous élever. Si vous êtes essentiellement un corps, ou si c’est votre corps qui commande le reste de votre être, alors ça va. Mais si vous êtes aussi un esprit, une sensibilité, un être social, alors il faut autre chose pour vous développer. Et donc pour être heureux.
(1) Traduite par « théorétique » dans la référence disponible en ligne
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