A te voir ainsi je retrouve mon âme enfantine
Rien n'est plus pur que les mains d'une femme dans la farine
C'est comme si tu étais ma mère en même temps qu'ma gamine
Rien n'est plus beau que les mains d'une femme dans la farine...
Claude Nougaro (Adaptation française - titre original: "Gravy Waltz"). Musique: R.Brown et S.Allen 1965
Les gastronomes se plaisent à le souligner : les plaisirs de la table ne sauraient être complets s’il n’y avait que le goût. Il faut y ajouter l’odeur – le fumet – les couleurs – la présentation des plats, l’art de dresser la table, etc.
Bon… Mais nous avons encore le toucher et l’ouïe : la cuisine n’apporterait donc rien dans ce domaine ?
Le bruit ne ferait jamais partie du plaisir du repas, sauf à impliquer là-dedans la musique (tafelmusik). Quoique, j’en connais que le glou-glou de la bouteille qui verse dans le verre satisfait à ce point qu’ils inclinent le goulot rien que pour l’entendre…
Quand au toucher, même si on s’autorise à manger avec les doigts, c’est semble-t-il purement utilitaire.
Voyez les préjugés : si nous avions accepté de ne pas séparer la cuisine-préparation et la cuisine-dégustation nous n’en serions pas là. Car c'est certain : le toucher fait partie des plaisirs de la préparation culinaire. Et si Claude Nougaro fantasme dur en regardant sa femme pétrir la pâte (1), nul doute que la jouissance soit aussi du côté de la pétrisseuse.
Et en effet : pourquoi il n’y aurait que le spectateur qui régresserait ? N’avez-vous jamais pétri une pâte à pizza ? Ou à pain ? A quel plaisir avez-vous donc renoncé le jour où vous avez acheté cette machine à pain fleuron high-tech de votre cuisine…
Mais oui, avouez-le : quand vous avez les mains dans la farine, vous retrouvez les plaisirs du petit enfant pétrisseur de pâte à modeler.
– Plaisir du pétrisseur => stade anal.
C’est ça qui vous gène ?
(1) En réalité, comme en témoigne notre citation, il s’offre une bonne régression incestueuse : l’épouse qui devient sa mère et même … sa gamine – Quoi ??? Calmons-nous, et disons simplement que, dans la cuisine, la femme devient la femme totale. Qu’on se le dise.
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