Un bon mariage serait celui d'une femme aveugle avec un mari sourd.
Montaigne - Essais
Voilà une citation bien convenue : un bon mariage n’est possible que si l’on « oublie » les fautes du conjoint.
Et ces fautes sont : l’infidélité du mari (ne pas la voir), et les récriminations criardes de la femme (ne pas les entendre). Fermez le ban.
Et vous êtes content avec ça ? Non, n’est-ce pas.
- Parce que l’on doit admettre que ce qui caractérise l’homme, c’est ce qu’il fait, puisqu’il faut être aveugle pour le supporter. L’homme nous est dépeint comme un pragmatique, il est dans l’action, et même si son action est pécheresse, ça n’empêche qu’il est dans le monde, à agir sur lui.
Et ce qui caractérise la femme, c’est la parole, puisque le mieux est d’être sourd si l’on est à ses cotés. La femme parle, et l’essentiel n’est pas tant ce qu’elle dit, que le fait qu’elle soit définie par cette essence verbeuse.
- Voyez le sexisme qui se cache sous l’apparente égalité de la faute : à l’homme le domaine public, celui de la cité où il faut prendre les décisions et agir ; à la femme le domaine privé, celui de la maison, du foyer où l’action peut être remplacée par les sentiments – les ressentiments même – et donc par la parole. On n’est pas loin de la dichotomie de la cité grecque, qui se retrouve dans le statut de minorité où les femmes – de culture principalement méditerranéenne, mais hélas pas seulement - sont maintenues, parfois encore aujourd’hui.
Avec la libération des femmes, et le nouveau statut des hommes, Montaigne écrirait-il aujourd’hui : « Un bon mariage serait celui d'une femme et d’un mari, tous deux aveugles et sourds. » ?
Attention ! Je n’ai pas dit qu’il fallait cumuler les péchés de l’homme et les défauts des femmes pour arriver à l’égalité des sexes.
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