Monday, July 07, 2008

Citation du 8 juillet 2008

Il y a trois sortes d'intelligence : l'intelligence humaine, l'intelligence animale et l'intelligence militaire.

Aldous Huxley

J’avoue que moi aussi je partageais jusqu’à récemment le jugement de Huxley : l’intelligence, chez un militaire me semblant contradictoire avec la vertu d’obéissance, je la plaçais en dessous de l’intelligence animale.

Et puis vient le célèbre épisode de la libération de Ingrid Bétancourt : opération d’intelligence militaire dit-on partout. Intelligence militaire, me dis-je ? Quésaco ?

Là-dessus, j’ai pris mon dictionnaire d’anglais, et j’ai compris : en anglais, intelligence signifie, outre le sens habituel pour nous, renseignement – voire même service de renseignement. (1)

O.K., j’ai compris, me dis-je : c’est un faux ami.

Quoique…. On pourrait se demander par quelle aventure lexicale, ce mot qui, même en anglais signifie d’abord l’entendement, et sa capacité à comprendre, devient par la suite synonyme renseignement, voire même d’espionnage.

C’est là qu’on comprend quelque chose qui pourtant devrait être bien connu : l’intelligence c’est la sagacité, l’aptitude à découvrir ce qui est caché ; donc aussi ce qu’on nous cache.

Pas d’exercice de l’intelligence là où il n’y a pas de secret, de vérité cachée.

La première manifestation de l’intelligence dans l’espèce humaine a été le péché du fruit défendu : c’est la prise de possession de la connaissance du bien et du mal. L’intelligence, c’est la volonté de découvrir par soi-même de ce qui est bon ou mauvais, vrai ou faux, beau ou laid, partout où on prétend nous le cacher, parce que du même coup, celui qui nous cache tout ça peut nous dominer (2). Dans le convois militaires, seul le véhicule de tête sait où il va ; les autres ne savent qu’une chose : c’est qu’il faut le suivre.

Et revoilà les militaires…

(1) Je n’ai pas le texte original de Huxley ; il est possible qu’il joue sur ce double sens.

(2) Il existe une branche de la psychologie spécialisée dans la « psychologie de la domination ». L’ignorance en est l’un des support : celui qui doit attendre l’information pour agir dépend totalement de celui qui détient l’information.

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