Tuesday, October 14, 2008

Citation du 15 octobre 2008


La peine de mort infligée aux criminels peut être envisagée à peu près sous le même point de vue : c'est pour n'être pas la victime d'un assassin que l'on consent à mourir si on le devient. (Voir ne texte en annexe)

Jean-Jacques Rousseau - Du contrat social

[10 octobre 1981. Publication au Journal officiel (p. 2759) de la loi n° 81-908 du 9 octobre 1981. Art. 1er. - La peine de mort est abolie.]

10 octobre 1981-10 octobre 2008 – Voici le 27ème anniversaire de l’abolition de la peine de mort, et nous savons bien que la menace de soin rétablissement plane toujours sur la France, au point qu’il a été question d’inscrire dans la Constitution que cette abolition ne saurait être remise en question, même par référendum…

Surtout par référendum faudrait-il dire, tant sont nombreux les gens prêts à en réclamer le rétablissement. J’ai rencontré des jeunes gens, très sympathiques et avenant qui m’ont dit très simplement que la guillotine était un procédé beaucoup trop doux pour l’exécution des assassins les plus cruels.

Rousseau faisant allusion à l’argument de Beccaria (1) part de la question : comment le législateur peut-il décréter la peine de mort, alors que nul n’a ce droit dans la société ?

Et voyez sa réponse : c’est le criminel lui-même qui consent à l’avance à être soumis à ce châtiment. C’est lui qui devrait se dire en commettant son acte : « Je sais que je risque la peine de mort, et j’y consens ». Et il y consent parce qu’il a toujours compté sur cette sanction pour éviter d’être lui-même assassiné.

Thèse développée par Rousseau, et qui est sans doute encore active aujourd’hui :

Certes, on ne transfert pas à la société un droit qu’on renoncerait à exercer par soi-même (thèse rejetée par Beccaria) ; mais on admet que pour que la société vive en sécurité, il faut que cette peine existe. Qu’importe que la peine de mort soit un assassinat – même légal (2). Ce qui compte c’est d’assassiner seulement les assassins.

Ce sont eux les véritables responsables de la peine de mort.

Lors d’une séance à la chambre des députés sous la 3ème république, on débattait de la suppression de la peine de mort. Une voix au fond de l’hémicycle retentit : « Que messieurs les assassins commencent ! »


(1) À savoir que nul n’a le droit de vie et de mort sur ses semblables. (voir ici)

(2) Aux Etats-Unis, sur l’acte de décès des condamnés à mort, dans la rubrique « Cause du décès », on écrit : homicide légal.

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