Thursday, October 30, 2008

Citation du 31 octobre 2008

Destins différents et pourtant solidaires des deux partenaires de l'aventure humaine : l'élément maternel représente la nature et l'élément paternel, l'histoire.
Jean Delumeau - La Peur en Occident
Houlà ! Je sens que je vais m’attirer des ennuis avec cette citation. Surtout si on veut bien l’entendre au sens aristotélicien (et en quel sens voudriez-vous l’entendre ?). Et surtout si nous saisissons l’aventure humaine à son point de départ, dans le contexte de la procréation.
- L'élément maternel représente la nature : c’est à dire la nature biologique de l’être humain en tant qu’existence seulement organique. Ainsi, chez Aristote la matière désigne la réalité matérielle à l’état brut.
- L’élément paternel est représenté par l’histoire, qui est la forme de l’être humain : toujours au sens aristotélicien, la forme d’un être humain, c’est l’ensemble des caractéristiques qui le différencient de l’animal.
On croyait en effet autrefois que dans la procréation, la femme apportait la chair de l’enfant – disons son existence biologique, le sang les os, bref tout ce qui permettait au fœtus de se développer dans l’utérus – alors que le père apportait toutes les caractéristiques de l’être qu’il devait devenir (1).
Voilà, oublions tout ça pour ne retenir que l’essentiel : c’est l’histoire qui fait l’homme, même si son existence biologique reste un fait anhistorique. Cette thèse répond à la question de l’origine de l’humanité.
Que serait l’homme sans l’histoire ? Voilà une question souvent débattue chez les philosophes (rappelons pour mémoire que le Discours sur l’origine de l’inégalité de Rousseau répond à cette demande), mais jamais chez les historiens. Ce qui, soit dit en passant rend notre citation surprenante sous la plume d’un historien justement.
Pourquoi les historiens ne répondent-ils pas à cette question ? Parce qu’ils ne prennent pas en charge la question de l’Origine, si entendant par « Origine » le premier commencement de l’humanité.
Dès que l’on raconte cette origine, on sort de l’histoire et on entre dans le domaine du mythe. Et certes, le mythe peut récupérer des bribes d’histoire pour se construire ; mais il a une caractéristique unique : c’est de transférer ces éléments au début des temps, voire même dans un temps antérieur à celui de l’humanité, quand les Grands Ancêtres étaient d’une race supérieur aux humains d’aujourd’hui.


(1) On comprend que si Jésus est bien Dieu, c’est parce que Dieu-le-Père est le seul responsable de ce qu’Il est. La Vierge Marie ne lui aurait donc apporté quand à elle que l’existence matérielle. Ce qui exclue le phénomène de fusion chromosomique lors de la procréation. Parce que, dans ce cas, Jésus aurait 50% de ses gènes qui lui viendraient de Son Père, et 50% de sa mère. Et donc il serait alors un demi-Dieu, comme il y en a eu tant chez les grecs.
- Quoi ? Et le miracle de l’Incarnation ?
- Hé bien, disons que c’est la condition de vie humaine de Jésus qui l’apporte. Et tant pis si je risque l’excommunication…

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