Sunday, October 26, 2008

Citation du 27 octobre 2008


Philosopher n'est qu'une autre façon d'avoir peur et ne porte guère qu'aux lâches simulacres.

Céline – Voyage au bout de la nuit, p.206, Folio n°28

Sinistrose, déprime, peur de la crise… De partout nous viennent des messages pessimistes.

La Citation du Jour qui a déjà soutenu le Moral des ménages ne va pas aujourd’hui tout repeindre en rose. Elle va vous montrer ce que c’est que le véritable pessimisme, afin que vous constatiez qu’avec la crise, non, vous ne voyez pas l’avenir en noir, mais seulement en gris.

Leçon de pessimisme 3.

Y a-t-il des hommes qui peuvent échapper au pessimisme ? En philosophant peut-être ? Peut-on être pessimiste quand on est philosophe ?

Philosopher n'est qu'une autre façon d'avoir peur et ne porte guère qu'aux lâches simulacres.

C’est avec des citations comme celle-là qu’on a tout le monde contre soi : les non philosophes parce qu’ils n’y comprennent rien; et les philosophes parce qu’on dit du mal d’eux.

Supposons que Céline vise ici les Consolations philosophiques, du genre de celle de Boèce ou même du Phédon.

Ceux qu’il faut consoler sont ceux qui ont peur – peur de la mort par exemple ; les autres, les courageux, ont la lucidité pour eux. Car la consolation ne porte guère qu'aux lâches simulacres

La peur ne guérissant pas du danger comme dit le proverbe, la consolation ne nous met à l’abri de rien. Il faut donc la refuser si l’on veut connaître la réalité, quelle qu’elle soit.

--> Cette lucidité porte-t-elle au pessimisme ? Tout dépend de ce qu’on va désigner par-là. Maintenant que nous en sommes à la leçon 3, on peut sans doute faire le point là-dessus.

En réalité, nous avons du pessimiste une image très négative : c’est l’homme du désespoir, celui qui ne peut qu’être triste ou désespéré. Les Consolations de Boèce nous montrent au contraire une sérénité nourrie par la certitude que ce que nous avons à perdre est peu de chose au regard de ce qui nous reste : la vertu. Même le tyran qui le fait périr ne peut la lui ôter. C’est là son bonheur – que dis-je ? Sa béatitude.

Il ne suffit donc pas de jouir de l’instant (« Carpe diem »). Il faut encore que cet instant mérite d’être vécu. Ce qui est possible si nous savons en quoi consiste notre vraie dignité.

Pour être vraiment pessimiste il faut donc quelque chose de plus que de trembler de ce qui nous attend dans le futur : être sûr que même l’instant présent ne mérite pas d’être vécu.

C’est à cette condition que la Consolation philosophique – celle de Plutarque par exemple (voit l’Annexe Post du 29 juillet 2008) – consiste, non pas à jouir de la vie sans crainte de mourir, mais à juger les morts comme des bienheureux, débarrassés qu’ils sont du fardeau de la vie. Le suicide philosophique n’est pas loin.

Et voilà la solution

You now what ? I am happy

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