Les vérités qui nous importent le plus ne sont jamais dites qu'à moitié.
Baltasar Gracian – L'Homme universel
Les vérités qui nous importent le plus ne sont jamais dites qu'à moitié : et l’autre moitié, d’où elle vient alors ?
Soit on la fabrique sur mesure, en fonction de notre culture, de nos croyances, etc. : et alors elle nous est parfaitement homogène.
Soit on la devine, ce qui nous donne la joie de la découvrir par nous-mêmes – ou presque.
C’est cette seconde hypothèse qui va me retenir.
Vous voici donc entrain d’expliquer quelque chose à des auditeurs. Soucieux de les impliquer dans votre exposé, vous allez les questionner pour que leur réponse fasse progresser le topo : ce sont eux qui vont dire la part de vérité que vous n’avez fait que leur suggérer. Mais du coup vous voilà entrain de faire l’instit, obligé de distribuer des bons points, et de consoler ceux qui se sont trompés. Pire encore : vous êtes contraint de poser des questions si ridiculement évidentes que la plupart auraient honte d’y répondre.
Et si vous laissiez planer un peu de mystère ? Si au lieu de tout expliquer ou de tout faire dire par un jeu de questions réponses, vous laissiez deviner ce que la curiosité demande ?
Exemple : vous faites visiter la Conciergerie. Le cachot de Marie Antoinette. Une lame de couteau de la guillotine y est exposée : on vous demande combien ça pèse, de quelle hauteur ça tombe. Répondez. Et puis quelqu’un demande : « les traces brunes, là, sur le tranchant : c’est-y le sang de Marie-Antoinette ? ». C’est là qu’il faut laisser planer le mystère.
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