Regards neufs, vieux trous de serrure.
Lichtenberg – Aphorismes
Regards neufs, vieux trous de serrure : l’idée est claire, mais quelle conclusion en tirer ?
Faut-il dire comme La Bruyère : Tout est dit et l’on vient toujours trop tard, etc… (1)
Faut-il plutôt considérer qu’il s’agit d’un propos désabusé sur la curiosité humaine, sans cesse appâtée par les mêmes scènes ? (2)
Libre à nous de conclure comme nous l’entendons. Je dirai donc qu’à mon avis, si le regard est neuf, alors il n’est pas sûr du tout qu’on voie toujours la même chose en regardant par le même trou de serrure.
Voyez-vous toujours l’écharpe d’Iris dans l’arc-en-ciel ? Entendez-vous toujours la voix de Zeus dans le tonnerre ? Et dans l’enfant malade, percevez-vous les frémissements de l’esprit du mal qui a pris possession de son petit corps ?
C’est vrai que malgré tout on voit toujours le soleil se lever sur l’horizon, exactement comme le fait la lune. Mais au moins nous savons qu’il y a une autre façon de le percevoir.
Je crois donc qu’il y a toujours quelque chose de neuf à voir quand on a un regard neuf.
La question intéressante est alors : qu’est-ce qu’il y a de neuf justement à percevoir dans cet éternel recommencement du monde ? Et si nous en avons le choix, à quel vieux trou de serrure devrions nous plutôt coller notre œil ?
Il n’est pas sûr qu’à mon âge j’aie une réponse pertinente à donner à cette question.
Demandez plutôt à votre petit dernier : il a sûrement une idée.
(1) Voir Post du 7 octobre 2007
(2) Question : pourquoi y a-t-il une serrure à la porte de la chambre des parents ? Réponse : pas seulement pour qu’ils s’y enferment, mais aussi pour que le petit puisse y coller son œil pour les mater pendant leurs ébats amoureux.
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