C'est reposant, la tragédie, parce qu'on sait qu'il n'y a plus d'espoir, le sale espoir.
Jean Anouilh – Antigone (1942)
Dans la tragédie on sait qu'il n'y a plus d'espoir... La tragédie se distingue du drame en ce que le héros tragique est condamné dès le début, pour la raison qu’il affronte des forces qui le dépassent infiniment. Il n’est héros que parce qu’il combat sans espoir.
Reste donc à commenter le début de cette phrase d’Anouilh : ne plus espérer, c’est reposant, dit-il…
Eh bien, oui. Etes-vous angoissé, stressé, déprimé ? Etes-vous dans la crainte et le tremblement (1) de voir le pire se produire ? Si vous êtes dans ce cas, c’est parce que, au fond de vous, vous pensez que le meilleur est toujours possible et que vous devez lutter pour y arriver – ou pour le conserver.
Même le croyant qui s’en remet à Dieu pour la réussite de ses entreprises (Inch’ Allah !) espère, et il doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour se concilier la bonne grâce de Dieu. Et, on l’aura compris en lisant l’extrait de l’Epitre de Paul (ci-dessous, note 1), l’avenir est toujours incertain, parce que même la foi ne nous est pas garantie.
L’espoir fait vivre dit-on ; mais dans quel état !
Devons-nous donc désespérer pour vivre mieux ? Y aurait-il non pas un réconfort, mais au moins un « confort » du désespoir ? Les amateurs de paradoxes y trouveraient leur compte, mais pas forcément la vérité.
En réalité, il existe un état extérieur à l’alternative espoir/désespoir, que les sages de l’antiquité ont nommé l’apathie ou l’ataraxie (impassibilité) et que la plupart des religions orientales ont exploré et qu’on pourrait nommer avec elles la divine indifférence.
La divine indifférence… Si la chose vous intéresse, allez-vous documenter, mais faites bien attention : regardez où vous mettez vos clics – il y a semble-t-il bon nombre de charlatans et d’illuminés qui exploitent le filon.
Preuve que ça répond à un véritable besoin – le besoin de repos.
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(1) Ainsi, mes bien-aimés, comme vous avez toujours obéi, travaillez à votre salut avec crainte et tremblement, non seulement comme en ma présence, mais bien plus encore maintenant que je suis absent; [13] car c'est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir. (Saint Paul, Epitre aux Philippiens, 2-12)
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