Les raisons de s'indigner peuvent paraître aujourd'hui moins nettes ou le monde trop complexe. (...) Mais dans ce monde, il y a des choses insupportables. Pour le voir, il faut bien regarder, chercher. Je dis aux jeunes : cherchez un peu, vous allez trouver. La pire des attitudes est l'indifférence, dire « Je n'y peux rien, je me débrouille ».
Stéphane Hessel – Indignez-vous !
Quand on s'indigne, il convient de se demander si l'on est digne.
Abbé Pierre – Servir (voir Post du 25 janvier 2007)
Le sympathique ouvrage de Stéphane Hessel et l’encore plus sympathique succès de sa diffusion ne doit pas nous faire oublier l’essentiel, qui est la question de savoir où s’arrête la juste indignation et où commence l’indignation immonde.
Cette question m’est venue en voyant sur un plateau de télévision Stéphane Hessel, à qui on demande :
- Mais enfin, toutes sortes de gens s’indignent. Que répondriez-vous à ceux qui vous diraient qu’ils sont indignés de voir en France tant de noirs et d’arabes ?
Et Hessel de répondre :
- Eh bien, c’est mieux qu’ils s’indignent que de ne rien dire. Au moins on va pouvoir en parler.
Là, je me dis : cette valorisation de l’indignation, ne risque-t-elle pas de bénir n’importe quoi ?
Certes on comprend en lisant notre Citation du Jour que Stéphane Hessel regrette la passivité de la jeunesse et se dit que, si on arrive à les réveiller, nos jeunes vont tomber sur des motifs d’indignation tellement massifs et que sur ça on ne risque pas d’être en désaccord.
Mais tout de même : je crois qu’un petit détour par l’Abbé Pierre ne saurait nous faire de mal.
- Alors je vous rappelle sa citation et le petit commentaire que je risquais dans ses marges :
« Qui s’indigne ? La question est mal posée ; l'abbé nous demande : comment pouvons-nous être dignes de nous indigner ?
[…] pour être digne de s’indigner, il faut montrer par sa vie que l’on ne peut toucher impunément à la dignité humaine, que notre combat est celui de la fraternité. Que chacun ait honte de ne pas s’indigner devant l’exemple donné par la vie de celui qu’indigne le sort des malheureux. »
Abbé Pierre + Stéphane Hessel = le compte est bon.
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