Je ne peux écrire que si j'ai des lecteurs. C'est exactement comme un baiser - vous ne pouvez pas le faire tout seul.
Michael Collins – Extrait de Christian Science Monitor
Un baiser - vous ne pouvez pas le faire tout seul.
Comment ça ? Je peux bien embrasser ma main ou mon pied (heu… certains le peuvent en tout cas).
On voit bien que le baiser dont parle notre auteur est le baiser sur la bouche, lèvres contre lèvres. Baiser sans doute mystique à son origine, mais qui bien vite a pris une dimension érotique (comme le montre notre jolie photo).
Donc, c’est ce baiser-là qui donne l’exacte représentation de ce qu’est l’acte d’écrire. Dans ce baiser je ne me suffis pas à moi-même : j’ai besoin de la bouche de l’autre ; et dans l’écriture j’ai également besoin de partenaires : les lecteurs.
Filons donc la métaphore : si le baiser est érotique, faire lire ses écrits devrait être une jouissance narcissique.
Faute de preuve, j’ai une confidence : j’ai des amis qui écrivent des textes et qui me les passent pour avoir mon avis. Bien. Si cette chose vous est déjà arrivée, vous avez sans doute comme moi eu le dilemme de savoir quoi dire en restituant le manuscrit : supposez un instant que vous cherchiez quelque chose à dire d’agréable à l’auteur. Vous allez bredouiller : « C’est vachement bien ! ». Votre ami va vous regarder avec l’air de quelqu’un qui attend la suite. Et là, vous ajoutez : « J’ai bien aimé. »
Lamentable !
Eh bien, moi je peux vous dire ce qu’il faut glisser dans l’oreille de votre ami si vous voulez qu’il le reste : murmurez lui dans un souffle « Ça a été une vraie jouissance de te lire. Où est la suite ? ». (Si vous n’êtes pas assez intime pour risquer ce jugement, dites alors : « C’est un vrai bonheur de te lire ! »)
Le seul risque c’est qu’il vous l’apporte, la suite, 8 jours plus tard.
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