Nous arrivons donc à la définition suivante: Une religion est un système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées, c’est-à-dire séparées, interdites, croyances et pratiques qui unissent en une même communauté morale, appelée Église, tous ceux qui y adhèrent.
Durkheim – Les formes élémentaires de la vie religieuse
Cette définition extrêmement connue de la religion a le mérite de tracer avec netteté les limites du concept : trop d’immanence ou bien trop de transcendance sont ainsi exclus.
- Dehors donc l’idolâtrie d’ordre politique ou simplement humaine.
- Dehors aussi le mysticisme plus ou moins illuminé.
- Mais aussi, dehors l’irénisme (1) qui prétend unir tous les hommes dans l’adoration d’un même Dieu que chacun découvrirait au sein de sa propre confession.
--> Disons-le clairement : si la religion unit, les religions opposent. On dirait même que les guerres civiles les plus féroces sont celles qui affectent des hommes de religions différentes. D’ailleurs c’est particulièrement évident lorsque ces religions sont de simple « variantes » à l’intérieur d’une religion plus vaste. On dirait qu’on ne fait jamais aussi bien la guerre que contre son voisin : ainsi des catholiques et des protestants (voir encore récemment en Irlande) ; ainsi des Sunnites et des Chiites qui se font réciproquement exploser leurs mosquées
Il est probable qu’au fond, la religion n’est qu’un moyen parmi d’autres
1 – pour s’unir à autrui et
2 – pour haïr tous les autres.
Je sais qu’on dit que Jésus a été le premier à dire qu’il faut aimer son ennemi. Oui.
Mais il a été aussi le dernier. On ne peut oublier ce que Freud disait de l’amour chrétien : le précepte d’aimer son prochain ne vaut qu’à l’intérieur d’un groupe et permet de haïr tous les autres.
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(1) Mot du jour – Irénisme : Attitude visant à favoriser la bonne entente entre les religions.
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