Ce qu'on peut expliquer de plusieurs manières ne mérite d'être expliqué d'aucune.
Voltaire – Le siècle de Louis XIV
C’est Freud qui expliquait combien il était ridicule de se justifier de plusieurs façons différentes, comme la ménagère de l’histoire, à qui une voisine reprochait de lui avoir rendu un chaudron percé alors qu’il était intact au moment où elle le lui avait prêté :
- Ce chaudron je te l’ai rendu intact, et d’ailleurs il était déjà percé quand tu me l’as prêté. Et en plus, je ne te l’ai jamais emprunté.
Trop de justifications tuent la justification.
C’est un principe qu’il est bon d’avoir présent à l’esprit quand nous entendons nos politiciens expliquer leurs actions et les résultats obtenus. Combien multiplient ainsi leurs justifications :
- Le déficit s’est creusé, mais ç’aurait été bien pire si l’opposition avait été aux affaires. Et d’ailleurs, ce que nous avons fait n’ajoute rien à la crise qui est internationale et qu’on aurait bien vu se développer de toute façon. Et puis, il faut relativiser : la crise dont vous parlez n’existe que dans les Médias : en réalité on ne vit pas plus mal en France qu’il y a trois ans.
Devons-nous faire de ce constat de Voltaire un moyen d’évaluer notre propre conscience au moment où nous nous justifions ? Pourquoi multiplier les justifications quand notre chérie a trouvé du rouge à lèvre sur notre mouchoir, du genre :
- Mais tu te trompes ! Ce n’est pas du rouge à lèvre, mais de la peinture que j’ai essuyée sur ma manche. Et puis je me rappelle, j’ai prêté ce mouchoir à ma secrétaire… D’ailleurs, où est-ce que tu as vue, cette tâche ?
Oui, pourquoi toutes ces explications – sinon parce que nous ressentons la faiblesse de chacun d’elle ?
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