La culture nous apparaît d'abord comme la connaissance de ce qui a fait de l'homme autre chose qu'un accident de l'univers.
Malraux
Pratiquons une mise à jour de cette citation :
remplaçons « connaissance »
par « invention et pratique »
et ce sera bon.
La nature a fait l’homme comme elle a fait les autres
animaux : sans savoir ce qu’elle faisait. Elle a mis au jour des espèces
qui ont dévoré les autres, et puis qui se sont éteintes parce qu’elles avaient détruit
tout ce qui leur permettait de survivre. Il a bien fallu que, par une autre mutation
génétique, les proies deviennent capables de se reproduira plus vite que leurs
prédateurs, leur fécondité étant la condition de leur survie.
L’équilibre de cette merveilleuse machine qu’est
l’écologie des milieux naturels a frappé les esprits et depuis longtemps les
hommes ont inventé des mythes pour en expliquer l’agencement : ainsi du
mythe de Prométhée selon Platon (1).
Ce que croit Platon, c’est que l’homme ne peut être le
simple fruit d’un accident de la nature (comme le serait une mutation
génétique) : il lui faut, au moins pour continuer d’exister, une
intelligence créatrice qui lui permette de suppléer l’absence de spécialisation
de son intelligence dénuée d’instinct et également de sa « main-à-tout
faire ». Une intelligence créatrice qui n’est autre que la sienne, car la culture dont parle Malraux, qui donc l’a
inventée sinon lui-même ?
Est-ce
bien possible ? Revenons à Platon, et au mythe de Prométhée dont nous
parlions tout à l’heure. Selon Platon les hommes se sont donné à eux-mêmes tous
les artifices techniques que les animaux ont reçus de Zeus sous forme de
pattes, de crocs et d’instincts. Mais il y a une chose que les hommes n’ont pas
su inventer : c’est l’art de vivre ensemble. Il a fallu que Zeus leur
fasse don de la Pudeur et du
sentiment de la Justice pour régler
la vie des Cités – sans quoi ils s’autodétruisaient en se nuisant les uns aux
autres.
o-o-o
Hélas ! Les Dieux de Platon ne se dérangent
plus pour nous aider : ils ont pris leur retraite depuis longtemps et
débrouillez-vous ! Ce qui, soit dit en
passant, explique que ces bornes morales sautent parfois, ou soient
interprétées de façon exécrable.
Bon à méditer à l’heure où la France connait un regain de
xénophobie et de racisme.
Zeus au secours !
Faites que nous acceptions que notre voisin s’appelle Mohamed et notre voisine Khadija !
La suite à demain, si vous voulez bien !
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(1) Protagoras
320-321c – à lire ici, y compris le commentaire qui suit (malgré les références
scientifiques qui viennent de Leroi-Gourhan en date de … 1945)
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