Le repliement dans le silence exprime une exigence de pure spiritualité, un effort vers l'humilité et le renoncement... Les juifs… n'ont pas eu à se réfugier dans le silence, ils ont toujours été les juifs du silence… (Voir citation complète en Annexe)
Vladimir
Jankélévitch – Quelque part dans l'inachevé
Il y a deux formes de silence : celui de la
spiritualité (la minute de silence) ; et celui de la discipline imposée
(Silence dans les rangs !).
Jankélévitch parle ici du silence dans la musique, qu’on
peut rencontrer également sous ces deux formes : le silence dans un
nocturne de Chopin, et le silence que le pianiste réclame des auditeurs victimes
de bronchite.
On pourrait encore espérer trouver une réunion des deux
dans le silence comme règle imposée aux moines : volonté d’imposer le face
à face méditatif avec Dieu à chaque instant de la journée.
Reste qu’un mot qui désigne des réalités différentes peut
bien cacher deux significations totalement différentes sous une seule forme :
c’est le cas de l’homonymie selon
Aristote. Qu’y a-t-il de commun entre le silence de la spiritualité et le silence du « juif du silence » ?
On dira qu’à tout le moins, le silence est toujours
coupure, séparation, isolement (j’allais dire : « isolation »).
Par le silence nous nous retranchons – ou nous sommes retranchés. Retranchés du
monde, et retranchés des autres.
Simplement, dans un cas il y a retour sur soi ; et
dans l’autre privation de l’extérieur. Et bien sûr le second peut être la
condition du premier.
C’est là que le silence imposé est souffrance : mais
non pas parce que nous aurions besoin des autres pour être nous-mêmes. Bien
au contraire ! Comme le disait
Pascal, être face à face avec nous-mêmes, voilà ce qui nous fait horreur.
- Allô ? Tu m’entends ? Oui, je suis dans le
bus…
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Annexe :
Le repliement dans le silence exprime une exigence de
pure spiritualité, un effort vers l'humilité et le renoncement. Cette exigence
et cet effort sont particulièrement caractéristiques de l'esprit de la Réforme.
Les juifs ne ressentent pas l'exigence ascétique et cathartique de la même
façon puisqu'ils ont été en quelque sorte condamnés au silence par leur destin
immémorial ; ils n'ont pas eu à se réfugier dans le silence, ils ont toujours
été les juifs du silence… (Jankélévitch)
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