Oignez vilain il vous poindra, poignez vilain il vous
oindra. («Flattez vilain, il vous
piquera ; piquez vilain, il vous flattera »)
Rabelais, Gargantua,
chapitre 32
Cet adage est plus convenable qu'un autre, bien plus
ancien et donc bien plus rude dans sa forme : "Oigniez a mastin [domestique] le
cul, il vous chiera en la paume ".
Commentaire à propos
de l’affaire Leonarda
1 – Cet adage nous est rappelé par un commentateur
politique moderne, qui critique ainsi François Hollande pour son attitude dans
l’affaire Leonarda. Voyez comment on considère la jeune roumaine dans notre
pays … dit « pays des droits de l’homme » : à croire que
les Roms n’en sont pas.
--> On en pensera ce qu’on en voudra ; reste que
Rabelais manie ici la litote – ce qui est sans doute une surprise
2 – Maintenant, n’oublions pas le contexte du chapitre 32 du
Gargantua : nous sommes au début de la guerre picrocholine, et le traitre
Toucquedillon excite Picrochole par ses propos venimeux. Alors que Grandgousier
avec magnanimité avait voulu, en dédommageant les fouaciers, éviter la guerre,
il ne récolte que mépris et menaces. (1) Situation que Rabelais commente
ainsi : « Voilà ce que c’est,
les bons traitements et la familiarité que vous leur avez précédemment témoignée
vous ont rendu méprisables à leurs yeux : flattez vilain, il vous
piquera ; piquez vilain, il vous flattera. » (Translation en
français moderne – Pour le texte original voir ici)
--> Pour avoir la paix il ne suffit pas d’être
pacifiste.
3 – On arrive alors à une idée plus évidente et qui est en
même temps beaucoup plus générale : il est vrai que la générosité et la
familiarité peuvent se retourner contre leur auteur en étant comprises non pour
ce qu’elles sont – une pure bonté – mais plutôt comme signe de faiblesse
et de médiocrité. Toutefois il s’agit ne pas de les exclure, mais plutôt
d’adapter sa conduite à ceux envers qui on l’adopte.
Le principe à retenir est donc le suivant : quelles
que soient nos intentions, nous devons savoir que notre conduite sera
interprétée selon la nature des gens qui en sont les destinataires. C’est de
cette interprétation qu’il faut tenir compte. On dit que cela n’est plus
aujourd’hui que l’affaire des « communicants » ; ai-je bien
compris ?
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(1) « …Picrochole ne répondit rien d’autre que ces
mots : « Venez les quérir,
venez les quérir (les fouaces) ! Ils (= mes gens) ont belle couille
et mole. Ils vont vous en broyer de la fouace ! » »
- A noter le jeu de mot : Mole signifie « la meule » et Couille peut aussi vouloir dire « le mortier ».
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