La mort révèle l'amour, c'est l'inconsolable qui pleure l'irremplaçable.
Vladimir
Jankélévitch
Comment savoir si l’on aime ? Réponse de
Jankélévitch : il suffit de se demander si on pourrait remplacer l’être
que nous aimons. Et bien sûr, nul ne peut le remplacer, parce qu’il est unique.
Donc l’adage : « Une de perdue,
dix de retrouvée » est aux antipodes de l’amour.
… Mais la difficulté de savoir si on aime est simplement
reculée d’un cran. Car encore faut-il savoir si celui ou celle que j’aime est
réellement irremplaçable pour moi. Et là, notre philosophe me dit : le
seul révélateur absolu est la mort.
Voyez Othello : lui, il est allé par jalousie
jusqu’à trucider sa bien-aimée soupçonnée de lui être infidèle. Seulement
voilà : à peine l’a-t-il assassinée qu’il réalise l’horreur de devoir
désormais vivre sans elle. Il retourne son épée contre lui-même et se
supprime : Desdémone était irremplaçable, la vie ne pourra plus jamais lui
apporter ce bonheur sans lequel il ne peut plus continuer de vivre.
On l’a compris : personne ne peut réellement
souhaiter user d’un tel révélateur. Pourtant il nous aide à comprendre que le véritable amour heureux est en réalité un
amour incertain. C’est dans la souffrance que l’amour se révèle, par exemple
dans le tragique de la rupture, quand l’autre s’est envolé vers d’autres
amours, d’autres aventures. C’est là qu’on comprend combien notre aimé(e) nous
était indispensable pour vivre et à quel point il(elle) est unique.
Etonnez-vous après cela que des charlatans vous
promettent le retour de l’être aimé ?
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