Le travail pense, la paresse songe.
Jules
Renard – Journal
La paresse a du bon.
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Commentaire
II
La
paresse songe : et alors ? N’est-ce pas une
qualité de « songer » ? Et d’ailleurs, qu’est-ce que ça veut
dire « songer », quand on ne lui ajoute pas un complément :
songer à ceci ou songer à cela ? N’est-ce pas un piège, un
peu justement comme la pensée quand on dit « l’Homme pense » :
comme si ça voulait dire quelque chose quand on ne dit pas à quoi on pense ?
Il semble que Jules Renard veuille ici
critiquer cette manière de penser « à bâtons rompus », qui musarde au
cours de son cheminement, qui fait des zig-zags selon les circonstances ou selon
notre fantaisie. Sans doute, pour J. Renard, songer c’est procéder par « association d’idées » comme disent
les psychanalystes.
Cette conception est d’ailleurs partagée
par Bergson, qui disait que l’homme d’action se reconnait à ce qu’il était
capable justement de repousse ces idées ou ces souvenirs sans rapport avec la
circonstance présente pour ne laisser apparaitre que ceux qui sont en rapport
avec elle.
- Mais justement : la pensée ne se
laisse pas réduire à l’action – du moins pas à celle qui consiste à mobiliser
des moyens pour produire l’effet prévu. La pensée, c’est aussi la création
d’idées, de représentations, d’images qui n’existaient pas pour nous l’instant
d’avant, et dont nous ne pouvons dire comment nous avons pu les produire.
Si songer c’est cela, alors je veux
pouvoir songer.
Si pour songer il faut paresser, alors la paresse a du bon.
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