Thursday, April 24, 2014

Citation du 25 avril 2014


L’homme qui, dès le commencement, a été longtemps baigné dans la molle atmosphère de la femme, dans l’odeur de ses mains, de son sein, de ses genoux, de sa chevelure, de ses vêtements souples et flottants, y a contracté une délicatesse d’épiderme et une distinction d’accent, une espèce d’androgynéité, sans lesquelles le génie le plus âpre et le plus viril reste, relativement à la perfection dans l’art, un être incomplet.
Charles Baudelaire – Les Paradis artificiels VII Chagrins d’enfance
Tu seras une femme mon fils
Anti-Slogan de la « Manif pour tous » hostile au mariage gay
et à l’enseignement des théories du genre etc…
L’homme n’est un homme viril qu’à condition d’avoir été tenu loin des femmes étant enfant : ainsi des petits garçons élevés au milieu des guerriers, contrairement à ceux qui, comme le petit Charles, ont été bercés longtemps dans le parfum de la chair des femmes. L’idée est que nous devenons ce que nous sommes en absorbant ce qui émane des corps humains présents dans notre milieu.
--> Du coup, voici défait le prétendu choix qui caractériserait notre genre (=gender) : la manière dont nous vivrons notre appartenance biologique à un sexe ne dépend certes pas totalement de sa réalité physiologique, mais pas non plus d’un choix délibéré (concernant par exemple notre « orientation sexuelle »), mais de l’environnement qui fut le nôtre étant petit. Autant dire que ce sont les parents – ou les circonstances – qui sont responsables et non une décision de l’intéressé.
o-o-o
J’avoue qu’à présent, ce n’est pas le débat sur le gender qui me passionne, mais plutôt l’idée que non seulement notre personnalité mais aussi notre corps, sont des émanations de notre milieu. On sait bien qu’un garçon élevé par des femmes en garde des caractéristiques psychologiques indélébiles. Du coup, on estime parfois qu’il est plus prudent de faire comme certains peuples africains qui retirent les garçons du gynécée vers l’âge de 7 ans pour le confier aux guerriers.
Quelle erreur ! Baudelaire nous explique que cette espèce d’androgynéité qu’il a vécue étant petit est la condition indispensable pour devenir un être complet – voire même un génie supérieur (1).
Il ne s’agit donc pas du tout de savoir si les hommes sont supérieurs ou inférieurs aux femmes ; mais bien d’affirmer que c’est l’androgyne qui exprime le plus parfaitement l’espèce humaine. Ce que Platon disait déjà dans le Banquet (lire ici)
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(1) « le goût précoce du monde féminin, mundi muliebris, de tout cet appareil ondoyant, scintillant et parfumé, fait les génies supérieurs » écrit-il dans le même pasage.

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