L’homme qui, dès le commencement, a été longtemps baigné dans la molle atmosphère de la femme, dans l’odeur de ses mains, de son sein, de ses genoux, de sa chevelure, de ses vêtements souples et flottants, y a contracté une délicatesse d’épiderme et une distinction d’accent, une espèce d’androgynéité, sans lesquelles le génie le plus âpre et le plus viril reste, relativement à la perfection dans l’art, un être incomplet.
Charles Baudelaire –
Les Paradis artificiels VII Chagrins d’enfance
Tu seras une femme mon fils
Anti-Slogan de la
« Manif pour tous » hostile au mariage gay
et à l’enseignement
des théories du genre etc…
L’homme n’est un homme viril qu’à condition d’avoir été
tenu loin des femmes étant enfant : ainsi des petits garçons élevés au
milieu des guerriers, contrairement à ceux qui, comme le petit Charles, ont été
bercés longtemps dans le parfum de la chair des femmes. L’idée est que nous
devenons ce que nous sommes en absorbant ce qui émane des corps humains
présents dans notre milieu.
--> Du coup, voici défait le prétendu choix qui
caractériserait notre genre (=gender) :
la manière dont nous vivrons notre appartenance biologique à un sexe ne dépend
certes pas totalement de sa réalité physiologique, mais pas non plus d’un choix délibéré (concernant par exemple notre
« orientation sexuelle »), mais de l’environnement qui fut le nôtre
étant petit. Autant dire que ce sont les parents – ou les circonstances – qui
sont responsables et non une décision de l’intéressé.
o-o-o
J’avoue qu’à présent, ce n’est pas le débat sur le gender qui me passionne, mais plutôt
l’idée que non seulement notre personnalité mais aussi notre corps, sont des
émanations de notre milieu. On sait bien qu’un garçon élevé par des femmes en
garde des caractéristiques psychologiques indélébiles. Du coup, on estime
parfois qu’il est plus prudent de faire comme certains peuples africains qui
retirent les garçons du gynécée vers l’âge de 7 ans pour le confier aux
guerriers.
Quelle erreur ! Baudelaire nous explique que cette espèce
d’androgynéité qu’il a vécue étant petit est la condition indispensable pour
devenir un être complet – voire même un génie supérieur (1).
Il ne s’agit donc pas du tout de savoir si les hommes
sont supérieurs ou inférieurs aux femmes ; mais bien d’affirmer que c’est
l’androgyne qui exprime le plus parfaitement l’espèce humaine. Ce que Platon
disait déjà dans le Banquet (lire ici)
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(1) « le goût précoce du monde féminin, mundi
muliebris, de tout cet appareil ondoyant, scintillant et parfumé, fait les
génies supérieurs » écrit-il dans le même pasage.
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