Nul lieu n’offre de la vanité des
espérances humaines une preuve plus frappante qu’une bibliothèque publique.
Samuel
Johnson
Bibliothèque du Trinity College - Ireland
Qu’on s’abstienne de commentaires
désabusés ou bien qu’on crie à la décadence, de toute façon c’est clair :
nous avons renoncé à croire qu’offrir au public un amoncellement de livres
figurait un idéal de civilisation. Les Bibliothèques publiques remplies de
livres sont vides de lecteurs (d’ailleurs, n’est-ce pas le cas de cette
magnifique Bibliothèque du Trinity college ?) – à moins de s’être
transformées en Médiathèques, où l’on est accueilli par des écrans
d’ordinateurs, et où les livres sont rebaptisés « Documents ».
Bibliothèque Universitaire Robert de Sorbon – Reims
Je ne suis pas de ceux qui se lamentent
quant à la disparition du « livre-papier ». Après tout qu’importe
qu’on lise sur un écran plutôt que dans un ouvrage imprimé ? On aurait pu
aussi crier à la décadence quand on est passé du papyrus au parchemin et du
parchemin au papier.
D’ailleurs on pleurait aussi autrefois
(il y a au moins 40 ans !) sur les arbres qu’on abattait pour faire de la
pâte à papier… Fini, tout ça : c’est la Planète qui va être
contente !
o-o-o
J’ai deux
idées au sujet des bibliothèques : c’est peu mais c’est bien assez long
à lire comme ça !
- D’abord, je note que la lecture est un
passe-temps qui aujourd’hui est en concurrence avec les jeux vidéo et autres
images. Autrefois (= dans les années 40-50) pas de télé, pas de BD (ou alors
seulement pour adultes débiles). Les livres étaient les seuls moyens de rêver
un peu…
Il faut que ce soit encore le cas
aujourd’hui. C’est seulement avec les livres d’Heroic Fantasy que mes enfants
ont pris goût à la lecture (merci Tolkien !).
- Ensuite, les bibliothèques ont quand
même du public, voire du jeune public. Ceux qui cherchent un livre dans les
rayons plutôt que de s’installer derrière un écran sont ceux-là même qui
auraient pu demander à leur parent de le leur acheter.
Façon de dire que chaque nouvelle
bibliothèque publique qu’on ouvre creuse encore un peu plus le fossé entre les
classes sociales.
2 comments:
"Ceux qui cherchent un livre dans les rayons plutôt que de s’installer derrière un écran sont ceux-là même qui auraient pu demander à leur parent de le leur acheter." Je ne comprends pas... C'est un constat personnel ? A quoi voit-on qu'ils auraient pu demander à leur parent de leur acheter ou pas ?
Oui, j’ai eu tort sans doute de mettre la question financière là-dedans. Je voulais dire que les classes sociales (qui sont aussi bien souvent des classes économiques) ont tendance à se reproduire et qu’elles le font _aussi_ dans le domaine culturel. Alors, c’est vrai que la lecture ne se propage pas comme les manières de politesse ou comme la pratique du sport. Reste que le goût de la lecture s’il ne se transmet pas systématiquement de père/mère en fils/fille, n’apparait pas non plus n’importe où.
Post a Comment