[A propos du procès de Fouquet :]
« On ne perd souvent que d'une voix, et cette voix fait tout. »
Madame
de Sévigné, 9 décembre. 1664
Aujourd’hui, des affaires retentissantes
ont mis en cause différents ministres, monsieur Cahusac et monsieur Thévenoud. Au
17ème siècle, Nicolas Fouquet
surintendant des finances a été condamné pour« péculat » c’est-à-dire détournement de fonds publics. -->
Piquer dans la caisse est une pratique qui existe depuis qu’existent des
caisses dirait-on.
Madame de Sévigné qui faisait partie de
l’entourage de Fouquet s’intéresse à sa défense, et on la voit ici s’inquiéter
de la sentence prochaine dans le procès qui lui est intenté.
12 jours après cette lettre, le 21
décembre 1664 « Nicolas Fouquet, surintendant des finances a
été déclaré coupable de péculat,
crime pour lequel les ordonnances
prévoient la mort. Mais sur les vingt-deux magistrats, seuls neuf opinèrent
pour la mort. La sentence sera la détention
perpétuelle à Pignerol, place forte royale située dans les Alpes. »
(Source : Wiki)
Bref : en ces lointaines époques,
on trouve le scrutin majoritaire non dans les affaires politiques, mais en
justice. Et c’est là qu’apparait le paradoxe de la démocratie : On ne perd souvent que d'une voix et cette
voix fait tout ; un seul vote suffit à faire comme si la décision
avait été unanime.
C’est vrai que la plupart du temps quand
le résultat ne se joue qu’à une voix comme le suggère madame de Sévigné, on
trouve toujours une irrégularité qui permet d’annuler et de revoter. Mais cela
ne change rien, parce que le même principe s’applique toujours : un Président
de la République, même élu très chichement se proclame le Président de tous les
Français. Et il l’est.
Je ne suis pas juriste ni spécialiste de
droit constitutionnel. Mais il me semble qu’on a là une illustration d’un fait
capital dans la démocratie : elle ne repose pas sur un rapport de force majorité/minorité,
mais sur un contrat par lequel chacun se
déclare tenu par le scrutin majoritaire. C’est celui-ci qui importe : pour élire les députés,
nous considèrerons comme légitimes ceux qui auront été désignés selon les
règles du scrutin.
Et si on n’aime pas ça, il ne reste plus
qu’à décider d’un affrontement général et physique pour savoir qui d’un parti
ou de l’autre sera le plus fort. Bref : on finira par une bagarre de
taverne irlandaise comme dans un film de John Ford.
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