Wednesday, September 17, 2014

Citation du 18 septembre 2014



[A propos du procès de Fouquet :] « On ne perd souvent que d'une voix, et cette voix fait tout. »
Madame de Sévigné, 9 décembre. 1664

Aujourd’hui, des affaires retentissantes ont mis en cause différents ministres, monsieur Cahusac et monsieur Thévenoud. Au 17ème siècle, Nicolas Fouquet  surintendant des finances a été condamné pour« péculat » c’est-à-dire détournement de fonds publics. --> Piquer dans la caisse est une pratique qui existe depuis qu’existent des caisses dirait-on.
Madame de Sévigné qui faisait partie de l’entourage de Fouquet s’intéresse à sa défense, et on la voit ici s’inquiéter de la sentence prochaine dans le procès qui lui est intenté.
12 jours après cette lettre, le 21 décembre 1664  «  Nicolas Fouquet, surintendant des finances a été déclaré coupable de péculat, crime pour lequel les ordonnances prévoient la mort. Mais sur les vingt-deux magistrats, seuls neuf opinèrent pour la mort. La sentence sera la détention perpétuelle à Pignerol, place forte royale située dans les Alpes. » (Source : Wiki)
Bref : en ces lointaines époques, on trouve le scrutin majoritaire non dans les affaires politiques, mais en justice. Et c’est là qu’apparait le paradoxe de la démocratie : On ne perd souvent que d'une voix et cette voix fait tout ; un seul vote suffit à faire comme si la décision avait été unanime.
C’est vrai que la plupart du temps quand le résultat ne se joue qu’à une voix comme le suggère madame de Sévigné, on trouve toujours une irrégularité qui permet d’annuler et de revoter. Mais cela ne change rien, parce que le même principe s’applique toujours : un Président de la République, même élu très chichement se proclame le Président de tous les Français. Et il l’est.
Je ne suis pas juriste ni spécialiste de droit constitutionnel. Mais il me semble qu’on a là une illustration d’un fait capital dans la démocratie : elle ne repose pas sur un rapport de force majorité/minorité,  mais sur un contrat par lequel chacun se déclare tenu par le scrutin majoritaire. C’est celui-ci  qui importe : pour élire les députés, nous considèrerons comme légitimes ceux qui auront été désignés selon les règles du scrutin.

Et si on n’aime pas ça, il ne reste plus qu’à décider d’un affrontement général et physique pour savoir qui d’un parti ou de l’autre sera le plus fort. Bref : on finira par une bagarre de taverne irlandaise comme dans un film de John Ford.


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