N'y a-t-il point de degré entre votre
maigreur excessive et un pâton (1) de graisse?
Propos
de Corbinelli à Madame de Grignan cité par Madame de Madame de Sévigné – Lettre du 19 juillet 1677
(1) Pâton
se dit d’un petit oiseau bien gras. (Dictionnaire de Furetière.)
o-o-o
Entre le mannequin anorexique et la
caille dodue, il y a place pour un vrai corps de femme.
Que dire de plus ? Suffira-t-il de
constater que depuis le 17ème siècle on à la même impression :
une femme ne doit pas être envahie de gras au point de devenir une boule de
graisse ?
Ce ne serait historiquement pas tout à
fait vrai : d’abord, madame de Sévigné ne critique pas sa fille pour
ses excès, mais bien au contraire pour son manque d’appétit ; et surtout,
elle s’inquiète pour elle, non pour des raisons esthétiques, mais pour sa santé.
Voilà où je voulais en venir :
aujourd’hui, tout au contraire, c’est moins pour notre santé que nous
surveillons notre alimentation ; c’est pour notre ligne que nous éprouvons
de l’inquiétude. Autrement dit, nous voulons éviter les bourrelets de graisse
qui même sans faire de nous des « pâtons
de graisse » nous paraissent bien disgracieux.
Mais le revers de cette médaille, c’est
que du coup la maigreur nous parait d’avantage souhaitable que l’embonpoint. Et
le triste sort des mannequins que nous évoquions plus haut ne nous émeut guère,
ou alors seulement lorsqu’un sort tragique fait disparaitre une jeune femme
squelettique. Qui donc se souvient encore d’Isabelle Caro et de sa croisade
contre l’indifférence à l’anorexie ?
Isabelle Caro (morte le 17 novembre
2010) 30 ans 1m62, 30 kilos
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