L'excès des impôts conduit à la
subversion de la justice, à la détérioration de la morale, à la destruction de
la liberté individuelle.
Benjamin
Constant – Principes de politique
Benjamin
Constant commente l’actualité. 2
Le
15 juillet 1914 l’impôt sur les revenus des personnes physique est créé.
1914-2014 : un siècle d’impôt :
un siècle de protestation et de contestations !
Je n’entrerai pas dans le débat des
manipulations qui rendraient plus acceptables les prélèvements opérés par
l’Etat : faut-il modifier l’assiette de la CSG ? Ou bien retoucher la
TVA ?
Demandons-nous plutôt à la suite de
Benjamin Constant quel est le principe qui justifie la fiscalité – en dehors de
la Déclaration des droits de l’homme
dont nous reparlerons sous peu.
o-o-o
« L'excès des impôts conduit à la subversion de la justice, à la détérioration
de la morale, à la destruction de la liberté individuelle. »
Personne n’a aujourd’hui des mots aussi
durs que ceux-ci pour dénoncer l’abus de fiscalité. C’est qu’à
l'époque (il y a 2 siècles) la morale ne s’était pas séparée de la politique,
et elles naviguaient encore de concert. Ce qui portait atteinte à l’ordre
public touchait en même temps la moralité. Pour notre auteur c’est donc à un
principe moral que l’impôt doit sa justification : payer l’impôt
c’est contribuer à l’existence de la société, au respect du contrat social,
bref : c’est être un bon citoyen (1)
Et de nos jours? Quels sont les
inconvénients de l’excès d’impôt ? « Trop d’impôt tue l’impôt »
dit-on : oui, mais pourquoi ?
- On stigmatise ainsi les fraudes
encouragées par la gourmandise du Percepteur. Les comptes en Suisse, les
feuilles d’impôts truquées, voire même simplement l’« oubli » de
déclarer l’ensemble de ses revenus seraient devenus une tendance généralisée parce
que l’impôt parait injuste. Oui, la morale n’est peut-être plus convoquée pour
mesurer le degré de prélèvement fiscal tolérable, mais la justice, certainement.
- On peut aussi souligner que cet excès
entraine le renoncement à créer une richesse qui risquerait d’être confisquée
par le fisc. Voyez le cas des heures supplémentaires : lorsqu’elles sont
proposées, le premier geste est de saisir la calculette pour savoir ce qui va
en rester après les prélèvements fiscaux. C’était le leitmotiv de la présidence
Sarkozy : travailler plus pour gagner plus – et non : travailler plus
pour enrichir le Percepteur.
- L’imposition serait-elle injuste au
point que l’Etat lui-même aurait inventé des moyens de s’y soustraire ? Ce
serait paradoxal en effet, mais certains procédés de défiscalisations sont
tellement légaux qu’il s’est constitué une profession qui a pour fonction
essentielle d’optimiser les déclarations fiscales.
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(1) Au point qu’à l’époque de Constant
le suffrage était censitaire, c’est-à-dire que pour être citoyen (actif) il
fallait payer une certaine somme d’impôt.
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