« De conin, qui signifiait lapin en vieux français, mais désignait également le sexe féminin, ne demeure que le con. On a remplacé lapin par chatte. Le sexe est devenu carnivore. »
Roland TOPOR - Pense-bêtes
Un peu de lexicologie, histoire de garder la forme culturelle. A propos du sexe des dames, histoire d’avoir des lecteurs.
Pour aller vite, je dirai que la valeur métaphorique qui permet de comparer le sexe des dames à un lapin (fourrure) puis un une chatte (idem, à moins que ce ne soit pour ses surprenantes aptitudes à nettoyer cette partie de son anatomie ; mais alors on aurait une allusion à une pratique sexuelle et on serait plutôt dans la métonymie que dans la métaphore), ça ne m’intéresse que modérément.
En revanche Topor m’intéresse quand il écrit : « Le sexe est devenu carnivore ». Car on a là une obsession bien masculine, cause selon certains « psy » de bien des impuissances…
Ça s’appelle « vagina dentata », ce n’est pas un groupe de rock (rap ???), et ça vient du plus profond de la civilisation : les mythes. Chez nous il faut remonter aux sorcières, « bêtes au vagin denté » pour en entendre parler. Les anglo-saxons, plus prolixes font du sexe carnivore une résurgence du fantasme de castration, et vont même jusqu’à imaginer que les préservatif féminins sont des dispositifs anti-viols… Car le viol au féminin, c’est la castration.
Brrr…L’ambiance devient lourde, ne croyez-vous pas ? Pour l’alléger passons des dents à la bouche, et de la bouche aux lèvres. Et pour éviter de se lancer dans des propos trop scabreux, passons de Topor à Diderot. Si vous ne voyez pas ce qu’il vient faire ici, c’est que vous n’avez pas lu Les bijoux indiscrets. L’auteur y invente l’histoire d’un Prince qui possède une bague magique : lorsqu’il tourne le chaton ( encore !) de la bague à l’intérieur de sa main, alors qu’il est en présence d’une femme, celle-ci sombre dans la torpeur, et c’est son sexe (oui, le bijou est encore une autre façon de désigner le sexe des dames) qui se met à parler… Vous imaginez peut-être le pire ? Mais rassurez-vous : pas de pornographie, Diderot est trop raffiné pour cela. On a surtout droit à la révélation de la vie amoureuse de la dame sous l’angle de l’identité et du nombre de ses amants. Une sorte de Voici avant la lettre…
Bref que le sexe des dames soit plus bavard que glouton, voilà qui va rassurer les messieurs.
2 comments:
Vous avez bien su terminer votre texte.
merci de votre compliment.
J'en profite pour rappeler que les "Monologues du vagin" sont actuellement à l'affiche à Paris
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