Au cas […] où on en sera venu à faire le mal, on doit être corrigé : ce qui est, après le bien qui consiste à être juste, un second bien, celui qui consiste à le devenir
Jean-Paul Galibert. Socrate : une philosophie de dénuement,
Il y a des questions auxquelles on répond avant même de les avoir posées. Ainsi : qu’espère-t-on du châtiment ?
Vous allez punir un enfant, le priver de sortie, autrefois on le fouettait, qu’est-ce que vous allez obtenir ? Qu’il se méfie de vous, qu’il se cache pour satisfaire ses envies, ou bien qu’il devienne meilleur ?
Vous fumez dans votre chambre malgré l’interdiction ? Si je vous fais recopier le règlement intérieur, allez-vous comprendre que c’est mal de le faire ? Ou bien devra-t-on dire que tout ce que ça vous aura appris, c’est la prudence ?
Dans les prisons du XIXème les cachots des prisonniers avaient été conçus sur le modèles des cellules de monastères ; les prisonniers étaient supposés y faire leur salut par une ascèse de leur âme, seuls face à eux-mêmes entre les murs de leur cellule. (1)
Ne faudrait-il pas plutôt craindre que le châtiment n’endurcisse le criminel, comme le fouet finissait par épaissir la peau des esclaves et les rendait insensibles à ses coups ?
Globalement le châtiment durcit et refroidit; il concentre, il aiguise le sentiment d’exclusion; il accroît la force de résistance (Nietzsche – Généalogie de la morale)
Espérons simplement que l’homme qui sort de prison ne sera pas plus dangereux que lorsqu’il y était entré.
(1) Michel Foucauld – Surveiller et punir 1975
2 comments:
Dans une société de droit, comment dissuader les individus la composant, de ne pas enfreindre les lois qui la régisse ?
Le bannissement de la société (comme il a pu existé par le passé) est techniquement très difficile, pour ne pas dire plus possible (cf les réfugiés).
La prison n'est en effet pas une solution car elle risque d'endurcir les criminelles, et de leur offrir des "centres de formations".
La torture et autres châtiment corporel peut aller à l'encontre des lois qui régissent la société (en tout cas, c'est le cas pour nos société occidentale).
Alors vous me direz que ce problème devrai se régler en amont: par l'éducation. Mais chaque parent éduque encore son enfant comme il le souhaite, et lui transmet aussi ses convictions, et aprioris sur les lois.
On pourrai ainsi parler de la fessé que l'europe veut interdire mais que beaucoup de parent utilisent encore pour réprimander leurs enfants.
Bref, la question est non seulement qu'est-ce qu'on attends du châtiment, mais on peut aussi se demander de son bien fondé de manière général (est-ce que ça marche dans une proportion acceptable des cas) et de la forme qu'il doit prendre (isolation, honte, châtiment corporelle etc...).
la question est non seulement qu'est-ce qu'on attends du châtiment, mais on peut aussi se demander de son bien fondé de manière général
-- Oui, ces questions sont vraiment fondamentales, mais la plupart du temps on estime qu’elles ne se posent pas, parce qu’on estime évident que seul l’aspect sécuritaire compte. Les fondamentalistes musulmans ont remis à la mode de couper la main au voleur pour l’empêcher de récidiver ; on en est à peu près là. Encore qu’avec la cybercriminalité on se demande encore quoi couper (à part la connexion évidemment).
Je rappelle la position de Durkheim : le châtiment est indispensable pour rendre visible le caractère contraignant de la loi.
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