Wednesday, February 16, 2011

Citation du 17 février 2011

Enfin je saurai où il passe ses nuits !

Marie de RABUTIN-CHANTAL, marquise de SEVIGNE (A la mort de son mari.)

[Biographie Wikipédia : En 1644, Marie de Rabutin-Chantal épouse Henri, dit le marquis de Sévigné (1623-1651. Elle devient veuve à vingt-cinq ans en 1651, quand son époux est tué lors d’un duel contre Miossens, chevalier d’Albret pour les beaux yeux de Mme de Gondran, sa maîtresse]

Ainsi donc cette pauvre marquise (en fait elle était baronne) était comment dit-on ?... une femme trompée ?

Sans doute, mais ce n’est pas pour cette raison qu’on a gardé le souvenir de cette oraison funèbre : c’est pour sa cruauté et – surtout – pour sa lucidité. Car s’il est un endroit où l’on est sûr de retrouver quelqu’un, c’est bien dans son cercueil. C’est la raison pour laquelle d’ailleurs on cria au miracle quand on retrouva le tombeau du Christ ouvert et personne dedans.

Quoique… Est-on sûr qu’il y ait bien quelqu’un dans le tombeau ? Et même, tiens, y a-t-il encore un marquis de Sévigné quelque part après le coup d’épée fatal ?

Personne n’en sait rien, direz-vous. En êtes-vous sûr ?

Quoiqu’on en dise, on a tous une réponse (implicite au moins) à cette question dès lors qu’on choisit un type de sépulture. Voyez les gens qui optent pour une tombe placée dans un cimetière avec vue sur la montagne ou la mer (1). Ou alors ceux qui choisissent un caveau pour être en compagnie de leur famille post mortem.

- Et ceux qui choisissent l’incinération et qui demandent que leurs cendres soient répandues dans la mer, ou sur Paris depuis le haut de la Tour Eiffel ? Est-ce pareil ?

Oui et non. Car, si on suppose bien qu’on va, même devenu un petit tas de cendres, apprécier le voyage, il n’en reste pas moins qu’on opte pour la disparition pure et simple, sans tombeau, sans rien qu’on puisse venir fleurir – par exemple pour la Toussaint. Comme les Indiens qui répandent leurs cendres dans le Ganges.

Ça, c’est très nouveau dans notre culture.

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(1) On pense bien sûr à la tombe de Paul Valéry au « Cimetière marin »

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