Friday, February 25, 2011

Citation du 26 février 2011

Puisque le peuple vote contre le Gouvernement, il faut dissoudre le peuple.

Bertolt Brecht

On imagine qu’à l’époque où Brecht écrivait ces lignes, ni les pays africains indépendants, ni les « démocraties » du Moyen-Orient n’existaient. Par contre il y avait déjà les démocraties populaires, et alors on ne comprend plus très bien.

Parce que rares sont les cas où les urnes ont été démenties par l’armée – hors mis le cas de l’Algérie en 1991. C’est que la démocratie dans ces pays fonctionne avec des urnes à double fond

En fait, Brecht ignore ce que nous voyons maintenant tous les jours : les scrutins sont truqués, les urnes bourrées, et même en France les morts votent fort bien (1).

Ce qui fait que même si le scrutin s’est déroulé à peu près régulièrement, les opposants clament que le pouvoir n’a pas gagné parce qu’il a triché. D’où des Etats bicéphales comme en Côte d’Ivoire, et des guerres civiles à n’en plus finir.

--> Reste cette idée de « dissoudre le peuple », qui ressemble à une ironie, mais qu’on pourrait fort bien prendre au premier degré.

Rappelons-nous Rousseau :

« Avant donc que d’examiner l’acte par lequel un peuple élit un roi, il serait bon d’examiner l’acte par lequel un peuple est un peuple ; car cet acte, étant nécessairement antérieur à l’autre, est le vrai fondement de la société.

En effet, s’il n’y avait point de convention antérieure, où serait, à moins que l’élection ne fût unanime, l’obligation pour le petit nombre de se soumettre au choix du grand ? et d’où cent qui veulent un maître ont-ils le droit de voter pour dix qui n’en veulent point ? » (Du contrat social, livre I, chapitre 5).

On peut refuser au peuple cette existence juridique qui en fait le détenteur du pouvoir souverain, soit en le démembrant (« Dehors les soit disant citoyens d’origine étrangère ! »), soit en lui retirant toute légitimité (par exemple si on gouverne au nom du prophète)

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(1) C’est en Corse que ça se passe. Un vieux dit à son voisin :

- Dis donc ta femme, elle n’est pas très polie.

- Mais enfin, qu’est-ce que tu racontes ? Tu sais bien qu’elle est morte il y a 5 ans.

- Oui, mais quand elle est venue voter dimanche dernier, elle aurait pu passer me dire bonjour.

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