Citation du 21 février 2011

Je voudrais, et ce sera le dernier et le plus ardent de mes souhaits, je voudrais que le dernier des rois fût étranglé avec les boyaux du dernier prêtre.

Jean Meslier / 1664-1729 / Testament

Si vous croyez qu’il a fallu attendre 1789 pour parler de supprimer les rois et de chasser les curés, alors la lecture de l’Abbé Meslier vous sera utile.

Si Michel Onfray a redonné à l’Abbé Meslier un peu d’actualité (Traité d’Athéologie), c’est à Voltaire qu’on doit de l’avoir connu, grâce à la publication de son « Testament ».

La biographie de l’abbé Meslier nous explique qu’il a officié dans les Ardennes, à l’église d’Etrépigny (1), sa vie durant et que le seigneur du château d’à côté venait en représailles de ses sermons vengeurs faire sonner la trompe de chasse sous les baies de son Eglise pendant ses offices...

Sur cette photo : Eglise d’Etrépigny et château reconstruit au 19^ème siècle, sur l’emplacement du presbytère de Meslier : il y a des rancœurs qui ne s’oublient pas…

Son principal fait d’arme fut d’être reconnu par les Encyclopédistes comme « le premier athée » du 18^ème siècle et il ne nous est connu comme on vient de le rappeler que grâce à la publication d’extraits de son testament par Voltaire, qui n’a pas manqué d’édulcorer au passage et son athéisme et son message révolutionnaire – comme si les Lumières du XVIII^ème siècle étaient offusquées par celle venue du XVII^ème. Bizarre…

Et pourtant, le nom de Meslier figure sur l'obélisque du Parc Gorki de Moscou élevé à la gloire des précurseurs du socialisme moderne : encore plus bizarre…

- Si le cas de l’Abbé Meslier nous étonne, c’est simplement parce qu’on oublie que le refus de la misère et de la famine s’étend à perte de vue dans le passé historique et que l’oppression des hommes par la classe dirigeante n’a jamais été ignorée ni supportée passivement. Que de tout temps sans doute il y a eu des hommes pour se lever et dire que ce n’était pas acceptable. Et qu’on a vite fait de qualifier de jacqueries les émeutes de la faim, comme si elles étaient un remous sans importance : les révolutions en cours dans les dictatures arabes viennent sans doute (au moins en partie) du renchérissement des denrées alimentaires, comme la Révolution française prit son origine de la famine de 1788.

Notre erreur n’est pas neuve : déjà, La Boétie la commettait quand il estimait que la survie des tyrans ne dépendait que de la passivité complice des peuples.

Cette erreur n’est pas neuve, mais elle tient encore debout : voyez l’étonnement de nos ministres quand on leur reproche d’avoir frayé avec la dictature tunisienne (sans parler des autres) : tout se passe comme si on avait cru que la passivité de leurs peuples étaient une excuse de leurs exactions.

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(1) Etrépigny village des Ardennes est la 24642^ème ville au classement des communes de France ayant le plus d'habitants