Le doute est un poison pour la conviction et un aliment pour la foi.
Gustave Thibon - L'ignorance étoilée (1974)
Foi - Croire sans preuve et même contre les preuves.
Alain (voir ici)
Credo quia absurdum.
Attribué à saint Augustin
Gustave Thibon fut un « Philosophe-paysan », catholique, monarchiste et autodidacte… n’en jetez plus, la cour est pleine comme disait ma grand-mère. (1)
Oui, mais : à qui demander ce qu’est la foi, sinon à un catholique ?
Donc Thibon, comme Alain, affirme que la foi et la conviction « scientifique » ne suivent pas le même chemin, même si elles arrivent au même lieu, à savoir la vérité.
On dirait même que ces deux chemins s’éloignent l’un de l’autre, puisque que la foi consiste à croire « contre les preuves » et qu’elle s’alimente du doute. D’autre diront même « credo quia absurdum » (attribué à saint Augustin).
Pour autant, on ne voit peut-être pas tout à fait quel est le mode d’existence de cette vérité de la foi. Examinons un exemple :
- si je dis : « c’est vrai comme 2 et 2 font 4 », je comprends bien que ma vérité a une existence strictement logique, qu’elle découle de définitions établies avec clarté et que l’enchainement des propositions qui la démontrent est strictement vérifiable.
- Par contre si je dis : « Selon la trinité chrétienne, 1=3 », alors, je peux bien recourir à des analyses théologiques savantes pour comprendre les implications de ce « mystère ». Pour autant sans la foi, je n’aurai aucune certitude de sa vérité.
Et qu’est-ce que la foi va me donner, qui sans cela me manquerait pour admettre la vérité de la Trinité ? Simplement le contact avec l’Etre qui se manifeste ici. La vérité est alors une propriété de la chose ou de l’être, un peu comme chez Platon, les prisonniers de la caverne ne peuvent accéder à la vérité parce qu’ils n’ont pas la vision des choses réelles.
On comprendra alors que la vérité scientifique ne repose pas sur les mêmes bases que les vérités de la foi.
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(1) D’ailleurs je suis toujours surpris de cette expression « philosophe-paysan », qui ressemble étrangement à un oxymore, tant l’histoire de la philosophie reste marquée par Socrate, le philosophe-citadin qui, sauf à quelques exceptions, ne sortit jamais d’Athènes.
Plus personnellement, je suppose le paysan « taiseux » alors que j’imagine le philosophe toujours bavard.
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