Tuesday, February 22, 2011

Citation du 23 février 2011

Si Dieu nous avait vraiment fait à son image, il y aurait moins de chirurgiens esthétiques.

Philippe Bouvard – Maximes au minimum

Les séries télévisées et les magazines people nous y ont habitués : la chirurgie esthétique est devenue tellement courante que la blague du photomontage ci-contre n’a même pas à être expliquée.

Et pourtant, les imperfections du visage ne sont-elles pas aussi des traits marquant l’originalité de chacun ? A quoi bon ressembler à Dieu, si tout le monde le peut ?

Oui, quand tout le monde aura un profil de médaille et une peau tendue comme celle d’un tambour même à 75 ans, que seront devenues les caractéristiques d’un nez aquilin (1) ou des rides d’expression ? Bref : les visages ne risquent-ils pas de devenir moins intéressants ?

Imaginons un peu que Louis XIV ait fait raboter son nez, justement. Ou bien que Mao-Zedong ait fait enlever sa verrue : ne leur manquerait-il pas quelque chose ?

Tout ça, c’est un peu vite dit – regardez à nouveau le photomontage : qui voudriez-vous être ? La dame de gauche (un peu cabossée) ou la (belle) dame de droite ?

Les psychologues ont beaucoup à nous dire de cette tendance à vouloir modifier notre visage et c’est sans doute en rapport avec le narcissisme, mais par seulement.

Je crois pour ma part que notre image dans le miroir reste toujours un peu étrangère à nous-mêmes – comme si le « stade du miroir » n’avait pas été aussi radical pour tout le monde.

Dans Blanche-Neige, c’est le miroir qui parle :

- Tu es belle Ô ma reine, mais Blanche-Neige est plus belle que toi !

Dans le stade du miroir incomplet, c’est le sujet qui parle :

- Qui tu es, toi qui m’observe au fond de mon miroir ? Je vais te corriger pour qu’enfin tu ressembles à ce que je suis (= crois être). (2)

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(1) Qu’on se reporte à mon Post du 31 janvier : on y voit Loth et ses filles, ayant tous les trois exactement le même nez « bourbonien ». Que serait-il advenu s’ils avaient opté pour la chirurgie esthétique ?

(2) Si ce stade du miroir me semble incomplet, je n’en admets pas moins qu’il implique que « le corps vaille comme signifiant » - comme disent les lacaniens.

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