Citation du 6 mars 2011

On cesse toujours d'être le numéro 1 mais on ne cesse jamais d'avoir été le premier.

San Antonio / Frédéric Dard – Interview au journal France-Soir - 11 Décembre 1975

Voilà une pensée toute menue, toute simple : elle n’a l’air de rien, … mais dès qu’elle commence à vous trotter dans la tête elle ne s’arrête plus.

Car elle nous parle de gens que nous connaissons très bien :

- Combien en ai-je connu des premiers de la classe qui à 50 ans parlaient encore de leurs prouesses scolaires écrasant de mépris les pauvres cancres que nous étions – nous les gens ordinaires ?

- Combien d’agrégés, installés confortablement dans la salle des professeurs qui ne parlent qu’avec leurs semblables – même si l’agrégation ils l’ont passée voilà 20 ans, ils restent les premiers.

- Et – attention, ça va faire plus mal – combien de fi-fils adulé par sa maman ou par son papa et qui reste dans sa tête le plus beau du monde ?

Voilà : tout ça c’est bien ridicule, n’est-ce pas ?

Mais c’est en plus très malheureux, parce qu’on cesse toujours d'être le numéro 1, un jour ou l’autre, l’idole est déboulonnée. Mais pour autant, on ne cesse pas d’être une idole, et c’est là que c’est vraiment douloureux.

Vous voulez encore un tour d’écrou en plus ? En voilà un : et si on avait tous été (ou cru être) numéro un quelque part – au moins dans notre tête ?

Si la petite idée ne nous parlait pas seulement des autres ?

Allez, dites-moi : quel premier n’avez-vous jamais cessé d’être ?

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P.S. J’oubliais : on peut aussi, comme Sartre l’a montré pour Flaubert, être l’idiot de la famille.