La nature ignore la roue, sans doute parce que la nature est accumulation, maturation, vieillissement, toutes choses que nie la roue, symbole de retour indéfini au point de départ.
Michel Tournier – Le Miroir des idées
Je pensais que les différents programmes que la cellule développait en fonction de l'environnement (stress, alimentation) pouvaient être annihilés, que le fait de ramener des cellules à un état embryonnaire et de les reprogrammer devrait permettre de combattre la sénescence.
Jean-Marc Lemaitre (l'Institut de génomique fonctionnelle de Montpellier) – Lire ici
Revenons aujourd’hui encore sur la découverte signalée ici même de la capacité des cellules sénescentes à se régénérer, voire même à retrouver leur état embryonnaire.
Car c’est un des plus anciens désirs de l’humanité qui trouve ici à se réaliser – ou à se rêver à nouveaux frais – celui de vaincre l’inéluctabilité du vieillissement. Non pas être immortel, car on pourra toujours mourir d’un coup de pistolet en plein cœur ; mais remonter le cours du temps, celui du moins de notre temps.
Rappelons-nous : la nature veut l’immortalité, mais elle n’a à sa disposition que des êtres mortels. La solution est alors, comme le rappelle Platon (Le Banquet), de remplacer chaque être mourant par un autre plus jeunes, qui prendra sa place et qui à son tour engendrera celui qui le remplacera dans la série des générations. Contrairement à ce que dit Michel Tournier, la roue des générations revient donc à son point de départ, mais à condition d’oublier que ce ne sont plus les mêmes individus qui sont accrochés dessus.
Seulement, voilà : les individus eux, ils se moquent bien de savoir que leurs enfants les remplaceront dans la suite de l’espèce. Ce qu’ils veulent, c’est non seulement rester bien vivants, mais encore faire mieux que Mathusalem (1) : rester éternellement jeunes.
Le désir de Faust ne pouvait se réaliser que grâce à l’aide du diable ; la science d’aujourd’hui prétend au contraire que ce désir est non seulement raisonnable, mais est sans doute réalisable avec le concours des lois ordinaires de la nature.
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(1) Mathusalem vécut 969 ans (Genèse, 5-27)
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