Il y a plus de lumière et de sagesse dans beaucoup d’hommes réunis que dans un seul.
Alexis de Tocqueville
Si on devait expliquer pourquoi Tocqueville apparait comme un homme du 19ème siècle, cette citation suffirait.
Car les tenants du despotisme éclairé, tout comme ceux de la monarchie pensent le contraire : en politique, la science du bon gouvernement est requise et il importe peu que beaucoup la possèdent tant il est vrai que la vérité est unique : il suffit qu’un seul la connaisse. Qu’il y ait des différences entre les jugements portant sur la même situation est le signe de l’erreur – pas de la vérité. La démocratie est donc dans ce cas la somme des erreurs commises par le peuple, c’est-à-dire par celui qui est ignorant.
De Platon à Kant on dira la même chose.
A l’inverse, est démocrate celui qui considère que la démocratie est l’exercice de la « rationalité à plusieurs » et qui pense qu’en politique, la vérité c’est ce sur quoi on est tombé tous d’accord. On dira peut-être que c’est dans ce cas un exercice très général et très formel, puisque dans ces conditions on devra se borner à fixer le cap, opter pour des valeurs très générales, sachant que leur réalisation, qui requiert rapidité et réactivité, appartient au chef de l’exécutif, qui va du coup posséder l’essentiel du pouvoir.
Sans doute. Mais on peut aussi estimer que le peuple a la possibilité d’établir des ordres de priorité, des hiérarchies dans ses besoins, et qu’il fixe alors une « feuille de route » à l’exécutif.
En politique, l’exercice de la souveraineté se trouve là : dans le choix des priorités.
Et, vous savez quoi ? C’est en période de restriction qu'il faut absolument définir des priorités (parce que, c’est sûr, on ne peut tout avoir) ; c’est là, dis-je, que la Démocratie va trouver à s’exprimer – et non dans la réalisation brouillonne de tout le désirable comme cela arrive en période de prospérité.
Avec la perte de notre Triple A, on va avoir une sacrée opportunité d’exercer notre souveraineté !
Chic !
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