Le code pénal est ce qui empêche les pauvres de voler les riches, et le code civil est ce qui permet aux riches de voler les pauvres.
Emmanuel Carrère – D’autres vies que les miennes (p.246)
Dans le fait, les lois sont toujours utiles à ceux qui possèdent, et nuisibles à ceux qui n’ont rien.
Rousseau - Du contrat social - I, 9 (Déjà cité le 28-07-2006)
Entre le Contrat social (1762) et le livre d’Emmanuel Carrère (2008), combien de siècles se sont écoulés, combien de révolutions ont ébranlé l’ordre social, combien de guerres – et combien de richesses parties en fumées ?
Bref : que le vol des pauvres par les riches – ou plutôt leur spoliation si on veut éviter les vilains mots – reste insensible à tous les bouleversements et même à tous les efforts pour le supprimer, voilà qui doit faire réfléchir.
Jean-Jacques Rousseau et Emmanuel Carrère nous le disent : on ne devrait pas s’en étonner autant que ça… Car, s’il s’agit d’opérations économiques ou financières conformes à la loi, voire même au code civil, c’est qu’il n’y a pas juridiquement « vol », ni même spoliation.
Bon. Mais alors, qu’est-ce qu’il y a ?
- A l’époque de Rousseau, il y a que les lois sont faites pour tous mais que seuls quelques-uns peuvent en bénéficier. Ainsi du droit de propriété énoncé dans l’article 2 de la Déclaration des droits de l’homme : il permet aux bourgeois d’accéder à des appropriations que la noblesse leur refusait autrefois. Mais de là à ce que les pauvres qui n’ont que leurs haillons pour tout biens soient concernés, il y a un grand, un très grand pas.
- Et aujourd’hui ? Va-t-on dire qu’augmenter les taxes plutôt que les impôts sur le revenu est un vol ? Que dérembourser les médicaments ou les soins, qui pénalise plus les RMIstes que le reste de la société, est du vol ? Qu’investir dans des stades de foot plutôt que dans des crèches ne favorise pas les défavorisés… Mais, est-ce une raison pour parler de vol ?
Par être pas : c’est n’est (sic !) qu’une injustice…
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