Il n'y a que Dieu qui puisse sans danger être tout-puissant.
Tocqueville
Si Tocqueville avait écrit : « Il n'y a que Dieu qui puisse être tout-puissant », on aurait haussé les épaules : à quoi bon perdre son temps à écrire de pareilles banalités ?
Mais voilà, il ajoute : il n’y a que lui qui puisse l’être sans danger. Et là, c’est plus problématique.
Nous laisserons de côté le sens apparent de la citation : la toute-puissance ne doit pas même être désirée, parce que nul chef d’Etat ne peut y prétendre sans mettre son peuple – ou les peuples voisins – en danger : là encore on a une banalité que toutes les politiques d’équilibre des alliances ont mise en lumière au 19ème siècle.
Par contre, prenons le sens au ras du texte : quoiqu’il en soit de la puissance divine elle s’exerce nécessairement sans danger.
Sans danger pour qui ? Sans danger pourquoi ?
- Sans danger pour les hommes et pour la Création entière, parce que Dieu possède la science du Tout, qui s’exprime dans la Providence. Dieu sait se limiter, donc n’exercer sa Toute-puissance que dans certaines limites pour ne pas mettre en péril la création entière.
… Quoiqu’Il soit aussi capable de passer outre par un acte miraculeux – comme d’arrêter le soleil dans sa course le temps que la bataille pour Canaan puisse continuer (1). Mais bon, ce ne sont pas tous les jours que pareilles choses arrivent, et bien fou serait celui qui prétendrait y puiser un exemple à imiter.
- Sans danger aussi parce que c’est Dieu qui peut dire : Voilà ce qui est dangereux, et voilà ce qui ne l’est pas, puisque tout cela dépend exclusivement de son libre-arbitre.
-->Dit autrement : voilà ce qui doit absolument subsister et voilà ce qui n’a pas lieu d’être pérennisé.
... Et c’est là qu’on retrouve l’ambition humaine : nous ne connaissons que trop cette affirmation : c’est celle des révolutionnaires, quel qu’ils soient.
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(1) Livre de Josué : « Alors Josué parla à l'Éternel, le jour où l'Éternel livra les Amoréens aux enfants d'Israël, et il dit en présence d'Israël : Soleil, arrête-toi sur Gabaon, Et toi, lune, sur la vallée d'Ajalon !
Et le soleil s'arrêta, et la lune suspendit sa course, Jusqu'à ce que la nation eût tiré vengeance de ses ennemis. Cela n'est-il pas écrit dans le livre du Juste ? Le soleil s'arrêta au milieu du ciel, Et ne se hâta point de se coucher, presque tout un jour.
Il n'y a point eu de jour comme celui-là, ni avant ni après, où l'Éternel ait écouté la voix d'un homme ; car l'Éternel combattait pour Israël. »
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