Il n’y a de loi qu’un beau cul ne renverse !
Brantôme - Vies des dames galantes (1)
On ne se pose pas assez la question de l’origine de l’anarchie. On croit facilement, sans y réfléchir, que c’est une attitude de révolte, que l’anarchiste est un enfant capricieux, un sauvageon.
Si en effet on définit l’anarchie par le refus d’obéir aux lois, alors il faut admettre avec Brantôme que ce refus est aussi l’effet du désir, du moins de celui dont la force dépend (chez l’homme) de la testostérone. La production de testostérone stimule, on le sait aujourd’hui, le centre cérébral de l’agressivité, qui renverse tous les obstacles – dont celui des lois.
On trouve là une nouvelle fois l’affirmation que les femmes ont un pouvoir sur les hommes qui dément l’attribut de « sexe faible » qu’on leur impute. Pour l’amour de leurs charmes, que ne ferait-on pas, nous les hommes, nous les héros – nous les philosophes ?
En effet, dira-t-on que la sagesse rend les philosophes insensibles à l’attrait pour les appâts féminins ? L’histoire du Cheval d’Aristote (contée ici-même) est là pour le démentir.
Dira-t-on que ce n’est là qu’une légende et qu’on peut raconter tout ce qu’on veut ? Dans le même Post on trouvera la photo de Nietzsche attelé à une carriole et fouetté par Lou Andreas-Salomé. Oui, pour la belle Lou, il a bien accepté de poser pour cette photo ridicule : ça au moins ce n’est pas une légende.
On dira encore : mais dans tout cela, il n’y a que des cas particuliers ; dans la profusion des philosophes vous en avez bien que la gaudriole avec les dames laissent froids et qui ne vont pas s’affoler pour un « beau cul » ?
- Oui, en effet, vous avez raison : il y en a. Mais justement, on les cite comme exemple de sagesse exceptionnelle. Ainsi de Socrate (2), restant insensible devant les charmes et les attouchements d’Alcibiade… Quand à Descartes, on a vu récemment qu’il n’était pas insensible aux charmes féminins, même si ce n’étaient pas exactement ceux auxquels on penserait.
Reste un cas tout à fait troublant : Blaise Pascal. En voilà un qu’on n’imagine pas courant le cotillon.
Exact ; toutefois, je voudrais faire observer qu’au moment où il était en âge de le faire, il était absorbé plutôt par les mathématiques que par la philosophie. Les mathématiciens étaient réputés à l’époque pour leur indifférence à l’égard des dames.
Ça, on l’a observé avec Rousseau (3).
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(1) En musardant sur le Net, j’ai découvert une chanson qui pastiche curieusement cette formule : je la livre à votre réflexion : « Comme disaient les Chinois - Et sans doute les Perses - Il n’y a pas de loi - Qu'un beau cul ne renverse ». (Paroles de la chanson Alice de Salvatore Adamo)
(2) C’est vrai que le « beau cul » en question était celui d’un homme. Mais justement, il n’en était selon Platon – et les grecs de l’époque – que plus séduisant.
(3) Voir mon Post du 30-01-2010 où une courtisane, exaspérée par la mollesse de jeune homme, s’écrie : Zanetto, lascia le donne, e studia la matematica. Laisse tomber les femmes et fais plutôt des mathématiques.
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