Le Temps est le bien le plus rare parce que c’est le seul bien qu’on ne puisse ni produire, ni donner, ni échanger, ni vendre.
Jacques Attali
Comme j’ai eu l’occasion de le dire, le temps est la croix des philosophes : ils se sont échinés à dire ce qu’il est, à le situer par rapport à l’espace – ou mieux : par rapport à l’éternité. Tout ça sans arriver à rien de décisif, jusqu’à ce que Kant vienne clore le débat en décrétant que le temps est une forme a priori de la sensibilité, et que, comme tel, il n’est pas un concept - circulez, il n'y a plus rein à dire.
Oui, mais voilà Bergson qui surgit et qui nous flanque la durée dans les pattes…
Bon, ça va comme ça : n’en parlons plus.
…Reste qu’Attali nous annonce tranquillement qu’il existe un bien qu’on ne peut ni produire, ni donner, ni échanger, ni vendre, mais qui est un bien quand même ! Avouez que quand on prétend se reposer après s’être arraché les cheveux avec le temps, on est un pris de court.
Pas de panique, faisons comme si on n’avait pas à se soucier de l’existence d’un pareil bien ; admettons que ça existe et que ça s’appelle le Temps. La question qui se pose alors est celle-ci : qu’est-ce qu’on fait d’un pareil bien, si on ne peut ni s’occuper à le produire, ni le donner, ni l’échanger, ni le vendre ?
Il est vrai qu’un enfant de 6 ans répondrait sans difficulté à cette question : " Mon Kinder Bueno, je ne l’ai pas fabriqué, je ne veux ni le vendre ni l’échanger contre un Carambar : tout ce que je veux c’est le manger."
--> Un pareil bien, ça se consomme – et c’est tout.
Là, le problème parait un peu plus facile à poser – sinon à résoudre. Car la question est alors : comment consommer le temps ? Ou plus simplement qu’est-ce qu’on peut faire du temps ? Mieux encore : qu’est-ce que je dois faire de mon temps ?
Evitons avec souplesse le retour de Bergson qui cherche à nous assommer avec sa durée : « Comment sais-tu que ce temps est ton temps ? N’est pas parce que tu anticipes ton avenir sur la base de ton passé et de ton présent ? Ce temps n’est le tien que parce qu’il n’est pas si libre que tu le crois. » : à la poubelle Bergson !
Reste que la question : qu’est-ce que je dois faire de mon temps ? est bel et bien la question – parfois angoissée – de nombre de retraités.
Finalement, on pourrait peut-être récupérer le bouquin de Bergson dans la corbeille à papier…
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