Wednesday, December 21, 2011

Citation du 22 décembre 2011

Il y a, avouons-le, une franchise toute enfantine dans la maladie : des choses sont dites, des vérités échappent étourdiment que la prudente respectabilité de la santé dissimule

Virginia Woolf – De la maladie (1926)

Voilà une idée qui parait au premier abord plutôt banale – juste comme il convient à une citation de fin d’année !

En effet, quoi de plus convenu que de dire que nos maladies ne doivent rien au hasard, qu’elles sont un langage que le corps trouve pour exprimer ce que notre langue se refuse à dire ?

Mais si l’on veut bien lire cette citation jusqu’au bout, là on sursaute : voilà que c’est la santé maintenant qui parait anormale, ou plus exactement mensongère. La prudente respectabilité de la santé dissimule ce que la maladie va laisser échapper étourdiment ; la santé, comme un placard où sont enfermés d’inavouables cadavres …

Laissons de côté l’idée qu’on devrait être malades pour être sincères, et que les saints qui ont su en finir leurs péchés ont été d’abord de grands malades qui ont su les révéler au grand jour pour en guérir. Après tout, on n’est pas des saints et eux, ils font ce qu’ils veulent.

Par contre, voyez comment notre santé – celle que nous préservons à grand coup d’eau minérale diurétique et d’alimentation macrobiotique – apparait comme un souci dérisoire. Car elle n’existe plus pour elle-même en tant qu’elle serait le but que nous devrions viser dans toute l’existence (tant qu’on a la santé…), mais seulement comme une apparence fallacieuse et mensongère. Mais, que nous acceptions la transparence, et alors…

Et alors quoi ? Si j’ai bien compris, la maladie aussi est une conséquence du mensonge ; elle est l’envers de la santé, et elle devrait disparaitre avec elle. Y aurait-il donc un troisième état (autre que la santé et la maladie) qui s’établirait dans la transparence absolue – si tant est que ce soit possible ?

Evidemment, les spiritualistes de tous bords auront la réponse : ce troisième état, c’est la divine indifférence, et la méditation (zen ?) peut y conduire.

Ou alors, récupérez votre livre de recettes macrobiotique : vous serez sur la Voie.

Quant à moi, mon irréductible scepticisme me pousse à préférer la santé.

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