Monday, December 26, 2011

Citation du 27 décembre 2011

Roméo. - Reste ainsi, que je goûte au fruit de ma prière.

Il lui donne un baiser

Tes lèvres ont purgé les miennes du péché.

Juliette. - Le péché passe alors en celle qui vous l'ôte...

Roméo. - Inexcusable oubli, justement reproché! / Rends-le-moi

Shakespeare – Romeo et Juliette


Richesse incomparable de la poésie shakespearienne… Voyez comme ces quelques vers, au lieu de se contenter de décrire platement deux amants qui se bécotent, nous donnent à penser à propos du péché…

Permettez au mécréant que je suis d’oublier un instant la faute originelle (rachetée par Jésus) et son poids théologique, pour ne penser qu’aux images suscitée par ces vers de Shakespeare.

Le péché est une impureté, une tâche, quelque chose de contagieux comme la grippe, et qui s’attrape par contact. Surtout le contact des lèvres, et l’échange de salive qui va avec – Là j’avoue que mes doigts frémissent sur mon clavier : ne suis-je pas en train de trahir le vœu que je viens de faire, vœu de poétiser avec Shakespeare ?

C’est qu’en écrivant je suis hanté par le souvenir des premiers temps où le sida était connu. Temps où l’on croyait que seuls les homosexuels, les drogués et les haïtiens en étaient atteints – mais que la contagion nous guettait par le biais de la salive, de la sueur etc…

Les membres de certaines sectes, ou de certains courants intégristes dans l’Eglise, n’ont alors pas hésité alors à dire que le sida était un fléau envoyé par Dieu pour châtier les homos, les drogués et … les haïtiens.

Telle est l’impureté, contagion du mal, pour laquelle le seul remède est la destruction – si possible par le feu purificateur.

Mais, j’ai omis quelque chose : le péché et la maladie se transmettent en se démultipliant – mais le contaminateur reste lui-même contaminé. Or, Romeo admet que le péché se passe et se repasse un peu comme le Mistigri du jeu. Si je te le donne, je ne l’ai plus ; si tu me le rends, tu en es débarrassé.

Là, ça vaut le coup de jouer avec le péché. Surtout si on se le repasse en se faisant des bisous.

4 comments:

Anonymous said...

Mais, c'est la faute à Ève !!! :-))))

Une chanson "trognonne" là:

http://www.youtube.com/watch?v=8ZyhLqbTmOs

qui confirme votre conclusion ...

F'

FRANKIE PAIN said...

ce que j'aime dans vos citations , elle vient donner du fil à retordre à ceux cachés dans la parole normative passe sur des dénis
merci de cette profondeur et de nous donner du Shakespeare avant le petit déjeuner
please
un baiser !

Jean-Pierre Hamel said...

La faute à Ève : savoureux..
Bon, reste que lorsque le Seigneur-Dieu eut créé Adam, et toutes les bêtes que nous connaissons, il vit que celui-ci avait _encore_ besoin d'aide : il fit la femme.
Donc la femme apporte quelque chose de plus que d'une chèvre ou d'une jument.

Jean-Pierre Hamel said...

Sur le baiser : on peut lire une jolie "Contribution à la Théorie du baiser", signé d'Alexandre Lacroix.