La discorde vaut mieux qu'une horrible concorde où l'on étrangle la faim [...]. Que tout rentre dans le chaos, et que du chaos sorte un monde nouveau et régénéré.
Gracchus Babeuf (1760-1797)
Voilà un message à méditer en cette période où les pauvres sont toujours plus pauvres et où les riches sont toujours plus riches.
Période où les candidats aux élections parlent de remettre le pays en marche et les compte publics en équilibre…
Pourtant, des voix discordantes se font entendre : la justice ne régnera, disent-elles, que quand le dernier spéculateur sera pendu avec les boyaux du dernier banquier (et réciproquement).
Ces propos s’entendent souvent en pareille crise, et on hausse les épaules : des excités, des boutefeux, rien de bien sérieux.
Pourtant à y regarder de plus près, on trouve quand même des gens qui ont fourni, avec les imprécations, des explications : Que tout rentre dans le chaos, et que du chaos sorte un monde nouveau et régénéré. Telle est le vœu de Babeuf, et on voit qu’il n’est pas tout à fait réductible aux rêveries illuminées d’un prophète de malheur. Car le chaos est le socle sur lequel un ordre nouveau et meilleur peut s’élever : rien du vieux monde ne doit subsister pour que le monde nouveau puisse apparaitre.
Comment réaliser le chaos ? Il n’y a que deux moyens : la guerre – ici, c’est la guerre civile – et la fête.
La guerre, on n’est pas encore prêt à la faire, et c’est tant mieux. En revanche, la fête, on s’y prépare activement, et il vaudrait mieux réfléchir d’abord pour savoir jusqu’où on veut aller.
Car les fêtes (1) sont souvent un rite de passage d’un cycle (ou d’une époque) à l’autre : pour passer à une autre époque (comme de l’en 2011 à l’an 2012), il faut liquider tout ce qui nous vient de l’époque précédente – afin de pouvoir commencer un cycle nouveau. Ainsi des fêtes des moissons, ainsi du nouvel an…
Vous m’avez compris : laissez passer tranquille le réveillon de noël, et puis pour celui du nouvel an, allez-y : craquez tout, flambez tout – qu’aucun livret de l’Ecureuil n’y survive !
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(1) Voir à ce propos R. Caillois, L’homme et le sacré. On peut se reporter aussi à ce Post du 31-12-2006
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