Il suffit d'ajouter "militaire" à un mot pour lui faire perdre sa signification. Ainsi la justice militaire n'est pas la justice, la musique militaire n'est pas la musique.
Georges Clemenceau
Amusante, la citation de Georges Clemenceau, amusante mais discutable.
Car en un sens, la musique militaire existe, et elle est signée Beethoven (La bataille de Vittoria) ou Tchaïkovski (Ouverture Solennelle 1812) : décharges de mousquets et coups de canon font partie de ces partitions. Il faut des militaires pour les exécuter (sans jeu de mot).
On dira malgré tout que la musique ne peut pas être militaire, parce qu’elle ne peut être définie par une fonction quelconque, qu’elle soit militaire ou autre. Sa nature est d’être musicale, ou bien elle n’est rien. Le canon qui tonne dans l’Ouverture Solennelle 1812 remplace un autre instrument (grosse timbale ???). Exactement comme l’orage de la Symphonie pastorale : peut-être que Beethoven aurait mis un enregistrement du tonnerre s’il avait pu.
Prenons toutefois au sérieux ce que nous dit Clemenceau : après tout, la musique n’est qu’un exemple. Si l’adjectif militaire ne peut s’attribuer à aucun mot, c’est qu’il n’y a que le militaire qui puisse être militaire : on est dans le règne de la tautologie. Mais, c’est une tautologie qui nous apprend quelque chose : faisons un peu glisser les mots et disons « seule la guerre peut-être militaire ». L’armée ne peut avoir d’autre fonction que la violence ; l’usage de la force ne peut servir qu’à la destruction.
Il est vrai que l’armée recrute aujourd’hui sur la base de missions humanitaires et non militaires : la sécurité, l’assistance aux populations, les soldats qui secourent des foules affamées par la guerre civile ou par des calamités naturelles. Qu’en dirait Clemenceau ?
Admettons un instant qu’il ait tort, et que maintenant une armée de bienfaisance existe, et que ce ne soit pas l’Armée du salut. Cette utopie d’hier serait donc devenu réalité d’aujourd’hui. Mais alors, comment expliquer que les populations civiles continuent à redouter les soldats, voire même à leur tirer dans le dos s’ils le peuvent ? Après l’Afghanistan, l’Irak : les malheureux peuples ne se réjouissent surtout pas de voir arriver les armées de libération, car quand les libérateurs s’installent à la place des tyrans, ils deviennent eux-mêmes tyrans. Disons-le autrement : quand quelqu’un arrive avec un FM sous le bras, on commence par se cacher : être armé signifie intention de tuer ; pour quelque cause que ce soit, peu importe.
La possibilité de la violence est déjà une violence.
2 comments:
Charlton Heston se tournerait dans sa tombe s'il pouvait vous lire.
Tout ce qu'on peut espérer c'est qu'il était grassement payé pour faire du lobby en faveur de la Riffle association (sic?)
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